L’exemple de l’East African Community (AEC) : une autre approche d’Union Economique Régionale

L’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) est une des régions de l’espace subsaharien les plus remarquées pour sa robuste croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) depuis plus d’une dizaine d’années, et une bonne maitrise de l’inflation grâce à l’arrimage de sa monnaie à l’EUR, mais elle préoccupe par les tensions politiques et sécuritaires qui la touchent aujourd’hui. A plusieurs milliers de kilomètres de là, une autre Union se distingue aussi par son dynamisme, ses ambitions et ses réussites récentes : l’East African Community (AEC). S’il est vraisemblable que les deux zones pourraient peser sur le destin du continent en raison de leur poids croissant, elles offrent en tout cas des « modèles » de construction assez différents.

Le périmètre de l’AEC a connu ces deux dernières années une augmentation considérable. Reconstituée en 2000, après une mise en parenthèse de plus de 20 ans, par ses trois fondateurs -Kenya, Ouganda et Tanzanie-, la Communauté Est Africaine s’est étendue en 2007 au Burundi et au Rwanda, puis au Sud-Soudan en 2016. Elle a surtout inclus en 2022 la République Démocratique du Congo (RDC) et ses quelque 100 millions d’habitants, et vient d‘accueillir la Somalie comme 8ème membre.

L’ensemble pèse lourd. L’AEC couvre aujourd’hui 16% de la surface du continent – plus de 20% de sa partie subsaharienne-, traverse l’Afrique d’Ouest en Est et s’ouvre désormais à la fois sur l’Océan Atlantique et, largement, sur l’Océan Indien. Sa population globale dépasse maintenant 300 millions d’habitants, soit 25% de toute l’Afrique subsaharienne et plus de 2 fois celle de l’UEMOA. Elle augmente de plus de 2% par an et compte quatre poids lourds de la démographie africaine : Tanzanie, Ouganda et Kenya, et surtout la RDC dont la croissance est la plus rapide du continent et qui pourrait être le 2ème Etat subsaharien le plus peuplé en 2050. Le PIB cumulé des 8 pays atteint en 2022 307 milliards de dollars US, ce qui en fait globalement la 3ème puissance subsaharienne et représente environ 1,65 fois le PIB de l’UEMOA. La répartition est cependant fort inégale : le Kenya assure à lui-seul le tiers de l’ensemble, et la Tanzanie et l’Ouganda réunis un second tiers ; pour le reste, la RDC fournit l’essentiel malgré le faible niveau du revenu par habitant.

L’évolution et la situation actuelle de l’AEC sont pour une bonne part le résultat de l’approche pragmatique et libérale des trois pays fondateurs de l’Union, caractéristique de leur culture anglophone : s’appuyer sur le dynamisme et les atouts respectifs de chacun pour construire un grand marché où l’essor des entreprises locales peut s’exprimer le plus aisément avec des contraintes politiques communes minimales et la préservation optimale par les Etats des intérêts nationaux. Le Kenya a joué le rôle de pionnier et de premier bénéficiaire dans cette approche de terrain, grâce notamment à l’avance d’un appareil industriel puissant et diversifié, et à la sophistication de son système financier. Mais Tanzanie et Ouganda ont pu en tirer profit en restant vigilants sur les particularités – historiques, politiques, sociologiques, ..- qui leur semblaient essentielles à sauvegarder tout en utilisant au maximum cette ouverture des économies. Beaucoup des entreprises et des banques ont donc adopté une stratégie régionale qui a permis à la fois de stimuler leur propre croissance et de diffuser dans les trois pays des progrès structurels. Les structures communautaires ont veillé par ailleurs à encourager ces tendances de renforcement des liens économique régionaux – création d’une zone de libre-échange en 2008 ; mise en place d’un marché commun régional en 2010 pour favoriser la circulation des biens, personnes et capitaux, avec une protection de l’extérieur assurée par un tarif unique. Mais cette libéralisation a laissé à chaque Etat beaucoup de prérogatives régaliennes : on compte ainsi dans l’AEC autant de monnaies et de banques centrales que de pays et plusieurs Etats ont créé leur propre bourse mobilière.  Les ambitions fortes comme une monnaie commune et une construction plus fédérale restent affichées, mais le terme de leur réalisation a été mis au second plan.

En adoptant cette optique, les dirigeants de l’EAC ont donc visé avant tout des objectifs limités en termes d’intégration structurelle, mais surtout volontaristes en matière de croissance économique, en s’appuyant sur des politiques suffisamment concrètes et solides pour être utiles à des acteurs dynamiques dans un marché en expansion rapide. L’évolution historique de l’AEC observée depuis 2007, rappelée ci-avant, témoigne de l’attraction de cette politique et quelques exemples montrent ses impacts positifs. Les données géographiques et démographiques, déjà citées, parlent d’elles-mêmes. Au plan des ressources naturelles, on trouve maintenant dans l’immense espace de l’AEC aussi bien de riches cultures d’exportation -café, thé, fleurs du Kenya, d’Ouganda, de Tanzanie – que des zones forestières et, surtout, une large gamme de produits miniers allant du pétrole en Ouganda aux métaux rares -cobalt, coltan,..- dont est si bien dotée la RDC. Les puissantes banques kenyanes -le bilan d’Equity Bank, première banque kenyane, est 2 fois supérieur à celui de la Société Générale de Côte d’ivoire -, grâce à des rachats ou de nouvelles implantations, sont en train de devenir dominantes en RDC comme elles l’avaient fait au Sud-Soudan où elles ont ouvert des filiales vite florissantes dès l’indépendance de ce pays. Elles accélèrent ainsi l’inclusion financière dans toute la région. L’AEC a aussi la chance de posséder des membres précurseurs dans certaines infrastructures. Le Kenya est numéro 1 en Afrique pour l’éolien, grâce à son parc géant de Turkana, et pour la géothermie, par ses installations dans la vallée du Rift. Il pourrait être une locomotive pour rattraper le retard considérable de la RDC ou de la Somalie. L’AEC est aussi une exception en matière ferroviaire avec plus de 7000 kms de voies ferrées opérationnelles et de nouveaux projets d’extension. Le Kenya abrite un appareil industriel de grande envergure et de large composition qui a déjà commencé à inspirer ses deux voisins immédiats. Le tourisme est un secteur prospère, sous des formes variées, aussi bien en Tanzanie et au Kenya qu’au Rwanda.

D’autres impacts espérés devraient être cependant plus lointains ou incertains à l’avenir. En particulier, le nouvel ensemble, s’il a gagné en taille, a aussi perdu en homogénéité -linguistique, culturelle, de niveau de vie-, ce qui peut rendre plus difficiles les mutations structurelles profitables à plusieurs pays. De plus, les investissements industriels et en infrastructures, stratégiques pour les derniers membres arrivants, risquent de prendre du temps pour se concrétiser et porter leurs fruits. Surtout, deux questions majeures interpellent. La première, ancienne, est d’ordre monétaire. Le shilling kenyan, le moins fragile dans l’EAC, a ainsi perdu plus de 50% de sa valeur par rapport au Dollar US de 2000 à 2024 contre 15% seulement pour le FCFA sur la même période, le repli ayant été plus élevé pour l’Ouganda et la Tanzanie. Cette situation a des effets variés. Ainsi, selon les données de la Banque Mondiale, le revenu par habitant du Kenya en dollars courants a crû deux fois plus vite que celui de la Côte d’Ivoire sur ces deux décennies, mais la même variable exprimée en parité de pouvoir d’achat a été dans le même temps plus performante de 10% en Côte d’Ivoire. De même, les soubresauts du Shilling absorbent souvent une partie notable des bénéfices des sociétés pour les actionnaires extérieurs et peuvent freiner des investissements encouragés par d’autres motifs.  Ces constats tendent à confirmer qu’une monnaie, quelle qu’elle soit, ne constitue ni un handicap dirimant pour le développement économique, ni un avantage décisif face à cet objectif. Le secret de la performance se trouve davantage dans d’autres facteurs, liés à la sphère réelle et à la qualité de la vision et des politiques économiques. La seconde interrogation, plus récente, est que les élargissements récents de l’EAC ont eu lieu alors même que des tensions politiques semblaient s’exacerber entre membres et postulants, le cas le plus marquant concernant la RDC et le Rwanda. Certaines adhésions ont aussi été agréées alors qu’elles pouvaient gêner les relations avec de puissant voisins, tels le Soudan pour le Sud-Soudan et l’Ethiopie pour la Somalie.  Il apparait donc que les motivations et critères d’adhésion sont essentiellement économiques, tablant sur une espérance d’amélioration par effet d’entrainement dans un espace performant, mais aussi que les différences politiques entre membres, même majeures, n’ont pas entrainé jusqu’ici d’arrêt des synergies ni de volonté de scission. Il reste à voir si cette conception saura être maintenue alors que des tensions s’avivent entre certains membres de l’EAC.

L’évolution des vingt dernières années ne semble pas encore indiquer si, dans la comparaison possible entre l’AEC et l’UEMOA, l’une des deux Unions aurait durablement pris le pas sur l’autre en termes de perspectives. En économie, les indicateurs témoignent des importantes avancées des deux espaces régionaux, les atouts et handicaps de l’un et de l’autre l’emportant tour à tour selon la conjoncture, notamment internationale. En politique, le niveau variable d’intégration des deux communautés rend difficile l’appréciation de leurs succès et échecs respectifs. Cette « compétition » peut être bénéfique. En cette période où surgissent beaucoup de remises en question, fortifier de toutes manières les constructions régionales les plus crédibles, parfois en imaginant qu’elles peuvent susciter des inspirations réciproques, est sans doute un bon moyen de faire progresser à la fois la paix et le mieux-être pour tous.

Paul Derreumaux

L’implantation de la BANK OF AFRICA-GHANA : un pari osé mais pertinent.

Début 2011, le Groupe BANK OF AFRICA va enfin pouvoir saisir une opportunité qu’il guettait depuis longtemps : s’implanter au Ghana. Ce pays est alors déjà considéré comme l’un des plus prometteurs en Afrique de l’Ouest, tant par ses atouts économiques que par le dynamisme de ses entreprises et par la vitalité acquise par sa démocratie. Certes, la valeur de sa monnaie connait d’importants à-coups au niveau international et l’ouverture du pays aux banques nigérianes a encore durci la concurrence dans un secteur financier animé et diversifié. Mais la recapitalisation imposée par la Banque Centrale du Ghana en 2010 amène certaines banques locales à rechercher des partenaires pour continuer leurs activités. Encouragée par la série d’expansions réussies menées depuis 2006, la holding du Groupe décide donc d’explorer les possibilités d’une implantation.

Les premiers contacts sont difficiles face à des interlocuteurs souvent peu pressés d’accueillir des actionnaires étrangers et de partager leurs ambitions. Après un premier échec, les discussions se révèlent cependant prometteuses avec Amalgamated Bank (AMAL BANK). Le Groupe retrouve dans la personnalité des dirigeants, dans leur approche de terrain, dans l’attention qu’ils portent à leur banque, dans la transparence des négociations menées avec eux, beaucoup de points qui ont marqué la culture de la BANK OF AFRICA depuis près de trente ans. Chaque partie défend bien sûr ses intérêts mais conduit les négociations de manière constructive avec la volonté d’aboutir. La Banque Centrale, vigilante, précise ses exigences mais manifeste aussi son ouverture et donne de précieux conseils à chaque partie. Dans cet environnement anglophone moins familier au Groupe – l’apprentissage n’a démarré qu’en 2004 au Kenya-, les contraintes sont plus pesantes face à des pratiques commerciales et une réglementation différente, et devant des concurrents aguerris et des clientèles bien informées.  Malgré tout, les choses progressent bien. Les avancées sont facilitées par l’appui qu’apportent les anciens actionnaires et administrateurs, tous restés au cœur du dispositif de la nouvelle Banque, aussi bien que par la coopération active des équipes de AMAL BANK, rassurées par notre engagement de ne procéder à aucun licenciement.

Avant la fin du premier trimestre 2011, l’agrément est accordé et la BANK OF AFRICA-GHANA (BOA-GHANA) peut démarrer ses activités. Les débuts ne sont pas faciles dans une économie soutenue par une croissance solide mais handicapée par des taux d’intérêts élevés et les contraintes monétaires. Mais l’énergie et la solidarité de tous permettent à BOA-GHANA de mettre en oeuvre progressivement des caractéristiques fondamentales de la  BOA -ouverture d’agences, évolution vers une banque tous publics – et de s’inscrire au mieux dans les circuits de financement ouverts aux banque. En 2018, BOA-GHANA traversera avec succès la phase difficile imposée aux banques ghanéennes par un triplement en 18 mois de leur capital social minimum : elle figurera ainsi début 2019 parmi les 23 banques rescapées alors que 11 devront cesser leurs activités Il n’est nul doute que le franchissement de cet obstacle a renforcé les ambitions de la Banque  et lui ouvre les portes d’importants développements à venir.

Bon anniversaire à la BANK OF AFRICA-GHANA et à ses équipes, et beaucoup de réussites futures à savourer.

Paul Derreumaux

The setting up of BOA-GHANA: A daring but relevant bet.

At the beginning of 2011, the BANK OF AFRICA Group will finally be able to seize an opportunity it has been waiting for a long time: to build a footprint in Ghana. At the time, the country was already considered as one of the most promising in West Africa, both in terms of its economic assets and the dynamism of its businesses and the vitality acquired by its democracy. Admittedly, the value of its currency was experiencing significant international shocks and the country’s opening up to Nigerian banks had further tightened competition in a dynamic and diversified financial sector. But the recapitalisation imposed by the Central Bank of Ghana in 2010 led some local banks to look for partners to continue their activities. Encouraged by the series of successful expansions carried out since 2006, the Group’s holding company decided to explore the possibilities of setting up a company.

Initial contacts were difficult in front of interlocutors who were often reluctant to welcome foreign shareholders and share their ambitions. After an initial setback, however, discussions with Amalgamated Bank (AMAL BANK) proved promising. The Group finds in the personalities of the managers, in their approach in the field, in the attention they pay to their bank, in the transparency of the negotiations conducted with them, many points that have marked the culture of the BANK OF AFRICA for nearly thirty years. Of course, each side defends its own interests, but conducts the negotiations constructively with the will to succeed. The Central Bank, vigilant, clarifies its requirements but also shows its openness and gives valuable advice to each party. In this English-speaking environment, which is less familiar to the Group – apprenticeships only started in 2004 in Kenya – the constraints are heavier in the face of different business practices and regulations, and in the face of seasoned competitors and well-informed customers. Despite this, things are progressing well. Progress has been facilitated by the support of former shareholders and directors, all of whom have remained at the heart of the new Bank’s system, as well as by the active cooperation of AMAL BANK’s teams, reassured by our commitment not to make any lay-offs.

Before the end of the first quarter of 2011, approval was granted and the BANK OF AFRICA-GHANA (BOA-GHANA) was able to start operations. The beginnings were not easy in an economy supported by constant dynamism but handicapped by high interest rates and an internationally unstable currency. But thanks to the energy and solidarity of involved, BOA-GHANA was able to gradually implement the fundamental characteristics of the BOA – opening branches, evolution towards a bank for all public – and to be part of the financing circuits open to banks. In 2018, BOA-GHANA successfully go through the difficult phase imposed on Ghanaian banks by tripling their minimum share capital in 18 months: it will thus be among the 23 banks restated in early 2019 while 11 will have to cease their activities. There is no doubt that overcoming this hurdle has strengthened the Bank’s ambitions and opened the door to important future developments.

Happy birthday to the BANK OF AFRICA-GHANA and its teams and many future successes to savour.

Paul Derreumaux

BOA-BURKINA FASO … plus de 25 ans de croissance continue

En se tournant vers le Burkina Faso début 1997 pour y installer sa 5ème filiale après avoir racheté deux banques, au Niger puis en Côte d’Ivoire, le Groupe BANK OF AFRICA revient à ses premières expériences : créer un établissement ex-nihilo comme il l’a déjà fait à ses débuts au Mali et au Bénin. La période et le lieu sont favorables à ce nouveau pari.

Le réseau BANK OF AFRICA (BOA) a maintenant plus de 10 ans d’existence : il a acquis une bonne réputation dans l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) où il a gagné en puissance et en rentabilité grâce aux évolutions positives de ses quatre établissements en activité. L’économie du Burkina Faso est certes encore modeste, mais elle progresse régulièrement en s’appuyant notamment sur une agriculture solide et diversifiée, et sur une classe de commerçants actifs et bien organisés. De plus, le système financier national, longtemps inchangé, connait quelques transformations qui peuvent faciliter la croissance des entrants. Dans le même temps, l’UEMOA ouvre de belles perspectives aux banques qui, comme la BOA, ont décidé d’utiliser au mieux toutes les opportunités d’une approche en réseau dans un espace financier bien intégré : cette empreinte géographique additionnelle consolide donc aussi le Groupe.

Le premier essai est celui du rachat d’une entité en restructuration, mais la compétition tourne au profit d’une banque française qui a maintenant disparu du paysage local. Qu’importe, car la décision est prise et les expériences du Mali et du Bénin ont laissé aux équipes les acquis pour piloter tambour battant les principales phases préparatoires à une création. Le tour de table est d’abord concrétisé selon les principes habituels d’un équilibre optimal : la holding du Groupe ; des actionnaires privés burkinabés motivés et crédibles ; deux institutionnels déjà partenaires, Cauris et FMO, auxquels vont s’ajouter les BOA du Bénin, du Mali et du Niger. Confectionné dans l’été 1997, le dossier de demande d’agrément est accepté dès septembre de la même année. Un grand immeuble en construction est identifié pour le futur siège et, grâce à la vigilance de tous les instants des dirigeants et des actionnaires, sera finalement disponible en mars 1998.

Une banque école s’est mise en place fin 1997 pour former la vingtaine de jeunes recrues qui viennent d’être rigoureusement sélectionnées. La formation approfondie qui y est donnée met en valeur leurs qualités -compétence, sérieux, solidarité, engagement-, qui seront retrouvées dans tous les renforts qui les rejoindront selon le même processus au fur et à mesure que la banque grandit. Ces ressources humaines assureront à la BANK OF AFRICA-BURKINA FASO (BOA-BURKINA FASO) une régularité exemplaire dans sa progression et ses performances, et quelques-unes dirigeront plus tard avec brio d’autres banques du Groupe.

Le reste va très vite. BOA-BURKINA FASO entrouvre ses portes le 12 mars 1998 pour tester son personnel et son fonctionnement et accueille le public le lundi 23 mars. Le succès qu’elle rencontre alors ne se démentira jamais, alimenté notamment par le soutien décisif de ses actionnaires nationaux, la disponibilité de ses équipes et l’audience croissante du Groupe. Il conduira la Banque avant 2010 dans le trio de tête des établissements burkinabés, qu’elle n’a pas quitté. La cotation en Bourse de ses actions en 2010, parfaitement réussie, reste un des points d’orgue de cette belle odyssée qui se poursuit toujours.

Bon anniversaire à la BOA-BURKINA et belle série de prouesses pour l’avenir…

Paul Derreumaux

Afrique subsaharienne : Début de retour en grâce de l’endettement extérieur ?

En quelques mois, le discours dominant d’un endettement public excessif des pays subsahariens s’est fait plus discret, tandis que se précisent des marques d’intérêt de prêteurs, publics comme privés, pour ces financements. Ces deux situations ne sont cependant pas forcément contradictoires : de nouveaux concours de ce type peuvent faciliter ou accélérer le développement économique, mais les limites de leur usage restent nombreuses.

Une bonne illustration de la nouvelle donne est l’émission en janvier 2024 par la Côte d’Ivoire d’un Eurobond en Dollars US (USD), le premier depuis 2021. Ce lancement a surpris, mais son succès sur le marché international a étonné encore davantage. D’un montant total de 2,6 milliards de USD, l’opération a attiré plusieurs centaines de grands investisseurs et a été sursouscrite plus de 3 fois, à un taux moyen de 6,6% et sur une durée de 9 ou 13 ans selon ses deux composantes. Cet endettement supplémentaire apparait pertinent a un double titre : il devrait servir en bonne partie à racheter et/ou restructurer des emprunts internationaux antérieurs dont les coûts étaient plus onéreux ou les échéances plus proches, améliorant ainsi le profil de la dette extérieure ; il financera aussi une fraction de l’important programme d’investissements inscrit dans le Plan de Développement du pays. Il s’inscrit ainsi dans le prolongement du programme financier de 3,5 milliards de USD conclu en 2023 entre les Autorités d’Abidjan et le Fonds Monétaire International (FMI) pour la poursuite des réformes structurelles du pays.

Cette attractivité renouée de la Côte d’Ivoire auprès des grands bailleurs internationaux inspire d’autres nations. Le Kenya vient de réussir en février la levée d’un Eurobond de 1,5 milliard de USD, lui aussi notamment destiné à rembourser des échéances extérieures proches et, grâce aux nouveaux taux obtenus, réduire le taux moyen de ses emprunts étrangers.  Le Nigéria estime être en mesure de renégocier prochainement sa dette actuelle et de revenir en 2025 sur les marchés privés étrangers grâce aux réformes menées depuis la nouvelle présidence de Bola Tinubu. Comme souvent, les plus grandes institutions d’appui au développement ont été à la base de ce changement d’approche. Au Ghana par exemple, où la crise financière et l’hyperinflation de 2022 avaient gelé tous concours extérieurs tandis que le pays devait effectuer de douloureuses réformés, le FMI accélère le déblocage de son aide financière et la Banque Mondiale pourrait reprendre ses financements, ouvrant la voie à d’autres intervenants. De même, la Guinée escompte pouvoir obtenir un financement de cette même institution pour la réalisation de plusieurs projets d’infrastructures.

Le retour de prêteurs internationaux ne remet cependant nulle part en cause le recours à la dette intérieure. Dans la plupart des pays, les émissions locales de bons et d’obligations sont devenues des ressources budgétaires de plus en plus courantes. Dans l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), où cet instrument a moins de 30 ans, l’encours global des titres émis -par adjudication et par appel public à l’épargne – a crû rapidement et approche 25000 milliards de FCFA pour l’ensemble des 8 pays fin 2023. Pour les seules adjudications, et malgré la hausse récente des taux qui renchérit ces ressources, les émissions attendues pour 2024 pour la zone pourraient atteindre 9500 milliards de FCFA, soit plus de 15 milliards de USD.

Trois raisons principales expliquent ces changements. D’abord, les taux de croissance et les perspectives de développement de la zone subsaharienne se redressent : +3,8% en 2024 et +4,1% en 2025 du Produit Intérieur Brut (PIB) de la zone selon les nouvelles prévisions du FMI, plus optimistes.  L’amélioration escomptée s’appuie sur une relance possible des économies après plusieurs crises majeures -Covid 19, Ukraine, forte inflation, hausse brusque des taux d’intérêt-, et surtout l’annonce de nombreux investissements- infrastructures, énergie, certaines matières premières, investissements « verts ». Accélération de la croissance et transformations structurelles se combinent pour amoindrir les craintes sur le niveau élevé de la dette publique. Les grands Partenaires Techniques et Financiers (PTF), aux ressources parfois récemment confortées, sont donc plus ouverts à s’engager à nouveau sur les créneaux porteurs et, par leur taille et leur rôle, entrainent avec eux des institutions privées toujours à l’affut de bonnes opérations. La Commission Européenne (UE) et la Banque Africaine de Développement (BAD) viennent ainsi de conclure un accord-cadre  pour « stimuler » des investissements dans de grands projets d’infrastructure. En second lieu, les montants considérables de capitaux internationaux en recherche permanente d’emplois rémunérateurs voient se réduire les alternatives dont ils disposent : l’Europe attend pour 2024 une croissance économique atone et une possible baisse des taux d’intérêt ; en Chine, le plongeon des cours boursiers, les difficultés de certains secteurs, le ralentissement de la croissance incitent beaucoup d’investisseurs à chercher des relais au moins provisoires ; beaucoup de pays émergents voient leurs monnaies s’affaiblir. Avec ses prévisions relevées de croissance économique, l’immensité des besoins en investissements de toutes sortes et un soutien retrouvé des PTF, certains pays subsahariens redeviennent attractifs.  Le troisième aspect est en effet une différentiation de plus en plus nette entre nations, dans la prééminence donnée aux questions économiques et au rythme des réformes qu’elles requièrent. Certaines apparaissent désormais installées plus solidement et durablement sur des trends de croissance parmi les plus élevés au monde -au moins 6% : des Etats membres de l’UEMOA et de l’East African Community (EAC) et quelques autres, tel le Botswana, reviennent le plus souvent dans ces statistiques. Ces pays se caractérisent moins par le montant de leur PIB que par leurs économies plus diversifiées, donc moins vulnérables, et par leur vision à moyen terme, donc souvent plus pertinente.

Pourtant, ces atouts sont à évaluer avec prudence. En premier lieu, l’accès aux financements internationaux privés reste réservé à une petite minorité d’Etats subsahariens. Pour la majorité au contraire, seuls interviennent les PTF ou des Etats amis ou intéressés surtout par des investissements qui servent aussi leurs propres objectifs. Les Investissements Directs Extérieurs (IDE) se sont globalement réduits et sont toujours limités à quelques secteurs : matières premières essentiellement, infrastructures parfois. Les avertissements sur un surendettement public de la zone restent nombreux, confirmés par les défauts de paiement déjà enregistrés vis-à-vis de prêteurs extérieurs : à la Zambie et au Ghana vient de s’ajouter en décembre dernier l’Ethiopie, un des piliers de la croissance économique africaine fragilisé par les difficultés politiques internes. Ces pays moins favorisés pèsent aussi globalement le plus, en termes de PIB comme de population.  L’endettement intérieur et les recettes fiscales, celles-ci peinant à gagner en intensité, demeurent en conséquence dans ces régions les ressources budgétaires stratégiques. Elles ne peuvent cependant couvrir à elles seules les dépenses courantes et des programmes d’action de grande envergure. De plus, les perspectives économiques plus optimistes pour le continent vont se heurter à une inflation encore forte en beaucoup de pays -plus de 15% actuellement-, à des menaces sur les monnaies -comme au Nigéria-, à des crises politiques qui se sont multipliées et peuvent prendre la priorité sur les aspirations de développement économique. Un accès plus intense et généralisé des pays africains à ces capitaux internationaux devrait par suite être lent et difficile. Il doit aussi être évalué en tenant compte d’un service de la dette qui va encore nettement progresser dans les années à venir en liaison avec les endettements supplémentaires et les hausses de taux de la période récente. La seconde limite réside dans un possible renouveau de la concurrence d’autres régions du monde, et notamment de l’Europe ou des « Emergents » comme emprunteurs de qualité. La volatilité de ces masses financières risquerait alors de les ramener à ces périmètres, d’ailleurs mieux connus, et de réduire l’attractivité des horizons africains.

En s’engageant sur les marchés de capitaux internationaux, les nations subsahariennes pressenties comme des championnes possibles d’une croissance économique solide, durable et porteuse de véritables progrès endossent donc une double responsabilité. Il leur faudra d’abord atteindre effectivement les objectifs annoncés pour maintenir leur crédibilité, mais aussi veiller à ce que la charge de cet endettement accru soit supportable à court comme à moyen terme. Leur succès démontrerait que ces pays sont en mesure de s’extraire des turbulences diverses qui freinent depuis longtemps l’évolution en zone subsaharienne et d’être un stimulant pour leurs voisins et leurs partenaires. L’effet de contagion, trop souvent négatif, pourrait alors agir au profit d’une émulation collective et enclencher un cercle vertueux tant attendu.

Paul Derreumaux

OMBRES ET LUMIERES D’AFRIQUE (Tome 3) : Chroniques de temps d’inquiétude

« Le spectateur engagé ». C’est ainsi que me nomme Lionel Zinsou dans sa préface au Tome 3 de cette trilogie. J’accepte avec plaisir cette épithète en exergue de sa très aimable introduction, qui m’honore et pour laquelle je le remercie vivement. Spectateur de longue date de sujets qui me semblent importants pour l’Afrique subsaharienne, j’ai continué à l’être entre 2019 et 2023 avec le souci d’analyse et de précision qui m’avait guidé pour les deux tomes précédents d’OMBRES ET LUMIERES D’AFRIQUE. Engagé car, face à des thèmes divers, je me suis toujours efforcé de comprendre et d’expliquer et, devant les difficultés recensées et chaque fois que je le pouvais, d’identifier des pistes de solutions possibles ou en gestation.

Pour être utile à l’action, le diagnostic posé doit être fondé et lucide, même s’il est désagréable et préoccupant. Et c’est justement une inquiétude grandissante qui domine les constats des années 2019/2023 et qui oppresse beaucoup de citoyens subsahariens. Bien sûr, des avancées importantes se poursuivent dans des domaines cruciaux, tel par exemple celui des secteurs financiers, souvent en bonne santé et en profonde transformation, et l’Afrique est toujours la référence mondiale incontestée de l’essor du téléphone mobile. Mais ces succès perdent de leur impact positif si, dans le même temps, les retards s’accumulent par rapport au reste du monde sur nombre d’indicateurs vitaux et sur des évolutions majeures. En économie, tout se passe comme si, malgré les efforts accomplis et les financements engagés, le « logiciel du développement » sur ce sous-continent subsaharien n’est pas encore véritablement au point ou se heurte à trop d’obstacles infranchissables, laissant la pauvreté s’enkyster pour plus de 30% de la population. En politique, la fragilité des régimes en place conduit de plus en plus à des ruptures durant lesquelles, par nécessité ou par choix, des acquis sociaux et sociétaux et des urgences économiques peuvent passer au second plan des priorités. De vastes régions, comme le Sahel, frappées en outre par l’insécurité, sont particulièrement exposées sur ces deux fronts. La tragédie du Covid-19 montre combien ces difficultés rendent l’Afrique plus vulnérable et isolée, même si sa capacité de résistance ne cesse d’impressionner.

Si elle obscurcit l’horizon, cette inquiétude légitime ne doit conduire ni au désespoir ni au renoncement. De nouveaux motifs d’espérance et d’optimisme germent et se renforcent. L’un d’eux tient à la diversité qui caractérise de plus en plus la zone subsaharienne : dans des pays et régions, certes encore minoritaires, des cercles vicieux semblent s’être brisés de manière durable pour laisser prospérer des forces capables de réaliser les transformations vertueuses espérées depuis les indépendances. Ces espaces privilégiés pourraient inspirer des émules. Un autre, majeur, est la volonté inexpugnable qui habite des catégories essentielles de la population igurant pourtant parmi les plus malmenées : les femmes, trop souvent sous-considérées mais qui se révèlent des entrepreneuses débordantes de créativité et de pugnacité ; la jeunesse, rejetée du travail et des responsabilités, qui ne se résigne pas à voir son destin se déliter ; les acteurs de la solidarité, sur la générosité desquels repose la survie de beaucoup d’exclus.

Comme dans tout corps vivant, coexistent donc faiblesses et atouts, déceptions et espoirs dans un cocktail mouvant. Dans ce monde subsaharien en particulier, où la vitalité transparait aux yeux de tout observateur, la domination des premières aux dépens des seconds n’est jamais immuable. La démographie, trop souvent oubliée par les décideurs, en est la preuve : aujourd’hui souvent un fardeau, elle rend la zone incontournable pour demain sans qu’on sache encore comment ce pouvoir se manifestera. Mieux connaitre les motifs d’inquiétude pour mieux les combattre et les dépasser, recenser les fêlures et les impasses, rien ne peut mieux aider les femmes et hommes de bonne volonté à trouver, ensemble, les meilleures pistes à suivre pour réparer les dysfonctionnements et construire un avenir meilleur.

 

OMBRES ET LUMIERES D’AFRIQUE -Tome 3 est maintenant disponible à Abidjan (FNAC CAP Sud ; Librairie de France), Bamako (Librairie Autour du Livre ou sur commande au 44 90 46 45 ), Dakar (Librairie des Quatre Vents) et, à compter du 13 mars, en Europe ( Ginkgo Editions, Amazon, Fnac, Cultura, librairies)

 

Paul Derreumaux

Banques Centrales : Réponses à quelques commentaires

Trois amis économistes m’ont adressé quelques commentaires et questions sur l’article posté ce mardi 20 février sur « Les Banques Centrales », auxquels je réponds avec plaisir en revenant sur trois points de ce sujet.

Le premier a trait à la rapidité d’action des banques centrales des grandes puissances occidentales et à leur objectif en termes d’inflation. Il est vrai qu’on pourrait reprocher à ces institutions d’avoir trop attendu avant d’engager la lutte contre l’inflation à travers une hausse rapide et importants des taux directeurs. Pour leur décharge, cette décision remettait en cause la politique « accommodante » suivie depuis une quinzaine d’années et les risques d’un tel changement radical ont dû générer beaucoup d’analyses et d’hésitations. C’est sans doute la même situation que vivent en ce moment ces décideurs et qui les amène à mener avec une grande prudence le cheminement inverse de la baisse des taux, malgré les pressions à cette réduction exercées par de nombreux acteurs. Pour l’objectif d’une inflation de 2% qu’annoncent toujours les Banques Centrales, l’ampleur de besoins d’investissement mondiaux en perspective pour les innovations techniques actuelles et le climat pourraient en effet justifier l’admission éventuelle d’un glissement des prix plus élevé. Sur ce point, le débat est sans doute assez théorique, au moins jusqu’à ce que le ralentissement des prix soit suffisamment avancé pour que ce but soit plus précisément adopté. De plus, la réticence des banques centrales à se montrer plus « généreuses » apparait explicable face à des acteurs économiques et politiques souvent tentés de réduire leurs efforts d’ajustement et qu’un surcroit d’inflation pourrait arranger.    

Le deuxième concerne le cas particulier de la Banque Centrale Européenne (BCE) qui mène une politique essentiellement uniforme sur la zone alors qu’elle est en présence de situations économiques différentes selon les pays. Celles-ci influent directement, et logiquement, sur les conditions auxquelles les gouvernements respectifs peuvent emprunter sur les marchés internationaux, avec des écarts entre ces taux qui peuvent encore être notables -jusqu’à plus de 2% actuellement-. Ces différences réduisent bien sûr la portée de la politique menée par la BCE. Malgré tout, ces écarts entre taux nationaux étaient en moyenne plus importants par le passé et ont tendance à diminuer avec les progrès de la solidarité communautaire, le rapprochement des niveaux de développement économique et une certaine convergence des taux de croissance dans l’Union Européenne. Même avec les diverses crises récentes -Ukraine, forte inflation, resserrement des liquidités -, les menaces monétaires affrontées en 2010/2012 ne se sont pas reproduites récemment. La probabilité de la poursuite de cette tendance apparait notable au vu des avancées de la cohésion européenne et confirme le rôle clé que peut jouer la BCE.

Enfin, pour les banques centrales africaines qui ont suivi la même politique de resserrement de la liquidité, l’efficacité de ces mesures sur la distribution du crédit et le repli de l’inflation a été limitée par les raisons évoquées dans l’article précité. Les données statistiques montrent d’ailleurs que l’inflation sur le continent, qui avait atteint des sommets en 2023, ne reflue en moyenne que lentement jusqu’ici -le taux d’environ 15% est actuellement évoqué pour l’ensemble de la zone subsaharienne. Dans celle-ci, en revanche, la hausse du Produit Intérieur Brut (PIB), poussée par des facteurs « réels » qui tiennent une place essentielle, semble s’accélérer : +3,8% en 2024 et +4,2% en 2025 prévus.  Dans le cas particulier de l’Union Economique et Monétaire (UEMOA), les effets de la hausse des taux de refinancement n’ont aussi que modérément joué en 2023. Mais cette politique a été efficacement complétée par une surveillance plus rapprochée des sorties de devises.  Les niveaux d’inflation se rapprochent maintenant des normes fixées tandis que la croissance pourrait approcher les 6% en 2024. Malgré les handicaps relevés et un environnement politique complexe, les Autorités monétaires et le système du FCFA (ou de l’ECO), montrent donc de nouveau leur efficacité, comme ce fut le cas par exemple, et en sens inverse, face à la pandémie de 2020 avec l’émission par les Etats de « Bons Covid-19 » à court terme et à taux réduits, refinancés à des conditions très préférentielles par la Banque Centrale de l’Union.   

Paul Derreumaux

Publié le 26/02/2024

Banques Centrales : Ultimes remparts ? Mais à quelles conditions ?

Depuis 2007, les principales Banques Centrales ont mené des politiques inhabituelles pour atteindre leurs buts, qui se sont parfois étendus au-delà de leurs objectifs classiques de stabilité de la monnaie et, de façon liée, de lutte contre ses dérives : inflation, déflation. dévaluation. Surprenantes, voire douloureuses pour certains, ces mesures semblent avoir été déterminantes.

Lors de la crise de 2007/2008, les difficultés des systèmes financiers des pays les plus riches, consécutives à la pratique toxique des « subprimes », et la défiance qui en a résulté entre les banques risquaient de provoquer l’effondrement du crédit, et une récession de grande ampleur, selon les mêmes mécanismes qu’en 1929, avec toutes les conséquences économiques et sociales qui en résultaient. Pour pallier ces dangers et en accord avec les Etats concernés, les Autorités monétaires ont utilisé deux principaux instruments : réduire les taux directeurs à leur minimum, jusqu’à les rendre parfois négatifs, de façon à abaisser les taux d’intérêt et encourager la distribution de crédit; racheter des montants considérables (la « Quantitative Easing (QE) policy ) de dettes des Etats et des institutions financières pour leur éviter des difficultés de trésorerie et leur permettre de poursuivre ces activités de soutien et de crédit. Grâce à ce renforcement simultané de la demande et de l’offre, et même si les principales économies ont subi malgré tout une récession, celle-ci fut pour l’essentiel limitée et momentanée. L’audace a payé.

Dans la « crise des dettes souveraines européennes » des années 2010.2012, la Banque Centrale Européenne (BCE), dans sa défense de l’Euro, a suivi cette même voie d’un support massif des banques et des Etats pour restaurer la confiance du marché, en conjuguant ses actions à celles des Autorités de l’Union Européenne. Tandis que ces dernières innovaient elles-mêmes en instaurant des structures communes de soutien financier de grande ampleur aux Etats – Fonds de Solidarité, Mécanisme Européen de Solidarité,..=, la BCE a été un artisan majeur et inventif de la sauvegarde de l’Euro. Baisse maximale des taux, accroissement des refinancements, rachat de dettes des Etats, des banques et même de certaines entreprises ont été utilisés pêle-mêle pour réduire les écarts de taux d’emprunts entre Etats de l’Union et arrêter les spéculateurs misant sur la dévaluation de l’Euro ou l’éclatement de la zone. Le théatral « autant que nécessaire (« whatever it takes ») de Mario Draghi a agi comme une barrière jugée infranchissable.

En 2021/22, des dérèglements multiples ont été entraînés par le Covid-19 puis la guerre en Ukraine : aggravation des déséquilibres budgétaires liés à la lutte contre la pandémie, « explosion » des prix du pétrole et du gaz, hausses de coût de beaucoup de produits stratégiques. Dans le même temps, la politique monétaire était toujours maintenue accommodante – depuis 2008 avec la seule courte parenthèse de 2016/2019 – pour soutenir des économies fragilisées par les crises précédentes. Cette cohabitation a facilité l’émergence d’une vague inflationniste généralisée qui risquait d’être durable. Après certaines hésitations, la Réserve Fédérale Américaine (FED) a relevé à partir de mars 2022 et jusqu’en juillet 2023 son taux directeur de 0,5% à 5,5% -plus haut niveau depuis 21 ans- en 11 augmentations successives. Jointe à l’arrêt progressif des rachats de titres, cette stratégie restrictive (« Quantitative Teasing (QT) policy) a réduit les liquidités du marché, rendu plus difficile le crédit et ralenti en conséquence l’activité économique. La même approche a été appliquée, avec des variantes, dans la plupart des pays du Nord. Dans le second semestre 2023, le rythme de hausse des prix s’est nettement ralenti et la minutie avec laquelle l’impact de ces mesures monétaires a été suivi a conduit à un atterrissage en douceur des économies concernées, sans récession à ce jour. Ici encore, l’inflexibilité des Banques Centrales, en dépit des pressions subies pour adoucir leur médecine, a été un facteur déterminant de cette remise en ordre.

En alliant ainsi rigueur et inventivité, la FED et ses principaux homologues ont donc su faire primer l’assainissement global des systèmes économiques sous leur contrôle sur les menaces et dérives qu’ils subissaient. Certes, la dernière bataille, menée plus précisément contre l’inflation, n’est pas encore gagnée. D’un côté, l’enthousiasme boursier des deux derniers mois de 2023, au vu d’un ralentissement de la hausse des prix apparaissant plus rapide qu’attendu, témoigne que beaucoup investisseurs sont déjà prêts à adopter les positions les plus optimistes, avant même que l’assainissement soit achevé et au risque de redonner consistance à des tendances spéculatives. De l’autre, il reste toujours possible que les remèdes appliqués soient un peu trop sévères ou mal ajustés et projettent les économies dans une dépression qui serait aussi complexe à redresser. Malgré ces incertitudes et imperfections, les politiques des Banques Centrales ont joué un rôle essentiel dans ces trois exemples pour réduire la gravité des risques économiques et financiers encourus.

Trois principales raisons ont aidé à la mise en œuvre efficace de ces politiques à la fois vigoureuses et audacieuses. La première est sans doute le progrès des informations statistiques et des études sur la base desquelles les Autorités monétaires ont pu prendre leurs décisions. Grâce au renforcement de la collecte de données tous azimuts et au développement des capacités d’analyse de celles-ci, les décideurs monétaires ont amélioré leur connaissance des effets des mesures décidées, la rapidité des corrections possibles en cas d’erreur d’appréciation et la qualité des connexions avec d’autres mesures économiques, comme l’action budgétaire. Les politiques décidées ont donc vraisemblablement gagné en précision et en efficacité sur l’évolution des variables ciblées. La deuxième est la place éminente tenue par les variables monétaires dans les économies les plus avancées, où le coût et la disponibilité du crédit sont des composantes essentielles de la consommation et de l’investissement, comme l’ont montré les emballées du Nasdaq dans les périodes d’argent facile. Les décisions des Banques Centrales en matière de taux et de facilité de refinancement ont en conséquence un lourd impact. Enfin, l’indépendance acquise par ces Institutions, grâce à l’inamovibilité de leurs dirigeants et leurs pouvoirs de décision par exemple, leur donne les moyens de résister au maximum aux pressions des Etats, des entreprises et des lobbys. Ils peuvent donc adopter les stratégies qu’ils jugent efficaces pour atteindre leurs buts, même si les mesures qui en découlent pénalisent au moins provisoirement des intérêts catégoriels. La manière dont sont scrutées leurs moindres déclarations confirme leur pouvoir.

Ces trois conditions ne sont pas remplies partout. L’indépendance n’est notamment pas de règle dans les pays où les pouvoirs publics sont tout puissants, comme en Chine, en Russie ou en Turquie : les politiques monétaires sont alors soumises à l’influence d’autres considérations et les banquiers centraux peuvent être changés ad nutum. De plus, dans beaucoup de pays en développement, le poids des crédits bancaires, qui dépendent le plus des orientations des banques centrales nationales ou régionales, reste modéré par rapport au Produit Intérieur Brut (PIB) : les politiques monétaires appliquées sont donc d’un effet plus réduit et incertain sur les données économiques. C’est notamment le cas général en Afrique -avec quelques exceptions comme l’Afrique du Sud ou le Maroc-. Ce continent souffre aussi, comme d’autres contrées en développement, de la faiblesse des données disponibles, qui rend plus difficile le choix des mesures les plus adéquates.

C’est sans doute la réunion de ces trois atouts qu’il conviendrait de faire progresser au profit des banques centrales dans le plus grand nombre possible de nations. La plus grande facilité d’une coordination internationale des Autorités monétaires y gagnerait, et renforcerait encore l’efficacité des stratégies nouvellement employées. C’est bien sûr un travail de longue haleine qui rencontrera beaucoup d’obstacles, techniques comme humains. Le succès sans accroc des actions actuelles menées contre l’inflation dans les pays les plus avancés sera utile pour justifier l’intérêt d’aller dans cette voie.

Paul Derreumaux

Article paru le 19/02/2024

OMBRES ET LUMIERES D’AFRIQUE – Tome 3

Chers amis lecteurs du Blog Regard d’Afrique

J’ai le plaisir de vous informer de la prochaine sortie du Tome 3 de OMBRES ET LUMIERES D’AFRIQUE, disponible en Côte d’Ivoire dans deux semaines et en France début mars prochain.

Comme les deux précédents, ce nouvel opus est composé de chroniques écrites au fil de l’actualité sur des évolutions marquantes des économies, des systèmes financiers et des sociétés des pays de l’Afrique subsaharienne. Il comprend 48 articles qui couvrent la période allant de janvier 2019 à septembre 2023. Ceux-ci sont regroupés en quatre parties thématiques, dans lesquelles les chroniques concernées sont rangées par ordre chronologique de façon à permettre au lecteur d’apprécier l’évolution dans le temps des questions traitées. Une introduction à chacune des quatre parties et une introduction générale apportent une vision d’ensemble et soulignent la cohérence entre toutes les composantes de l’ouvrage.

OMBRES ET LUMIERES D’AFRIQUE est construit sur un double parti-pris au service du lecteur. Lui apporter sur chaque sujet abordé le maximum d’informations précises et objectives, factuelles ou chiffrées, afin de mettre à sa disposition les données les plus complètes pour apprécier une situation, un évènement nouveau ou une évolution importante. Analyser sur cette base les causes et les conséquences des données et faits recensés, pour aider à la compréhension de ceux-ci et à l’appréciation des chances ou des risques qu’ils comportent pour l’avenir.

Sur tous les thèmes retenus, les quatre années écoulées ont été marquées, à l’image des précédentes, par d’importantes évolutions et de grandes surprises. Elles ont cependant une coloration globale nettement moins optimiste, qui donne le sentiment d’être passé en dix ans du « Temps des défis » au « Temps des incertitudes » puis, aujourd’hui, au « Temps des inquiétudes ». L’accumulation des difficultés, anciennes ou nouvelles venues, qu’elles aient une origine interne ou externe aux pays concernés, justifie ce sentiment. Elle complique les choix des décideurs, pénalise les entreprises, obscurcit la vie des citoyens, provoque de véritables ruptures, freine les progrès. Pourtant, ce constat dominant ne doit pas occulter les satisfactions et espoirs que génèrent des pays, des secteurs d’activité et des aventures humaines.

C’est cette confrontation mouvante que ce livre s’efforce, avec transparence, de mettre en valeur, au service de tous ceux qui restent persuadés que le meilleur est toujours possible.

OMBRES ET LUMIERES D’AFRIQUE sera disponible à Abidjan des le 26 février ( RDV à La librairie de France et à la Fnac Cap Sud)

Paul Derreumaux

Cop 28 : est-il possible d’être optimiste ?

La Conférence Internationale sur le Climat (COP) de 2022 à Sharm El-Sheikh avait laissé au moins trois conclusions amères, que les douze mois écoulés n’ont pas aidé à faire disparaitre.

La première concernait des retards, nombreux et importants, par rapport à beaucoup d’objectifs fixés par les plus grandes puissances économiques pour leur propre lutte contre le dérèglement climatique. Ces décalages se sont encore plutôt accentués. Ainsi, malgré les actions menées, les émissions mondiales de Gaz à Effet de Serre (GES) ont crû de 18% de 2005 à 2020 et ne diminueraient que de 2% en 2030 contre plus de 40% programmés par la COP-21. Des arguments variés sont avancés pour expliquer ces faibles avancées : contraintes conjoncturelles diverses qui perturbent les soutiens étatiques ; difficultés de modifier les comportements des consommateurs ; réticences politiques en raison d’autres urgences ; …

Alors que les politiques publiques de grande ampleur peinent encore à s’imposer, faits et théories se combinent, comme déjà en 2022, pour montrer la gravité et l’imminence du danger. Le Groupe d’Experts sur le Climat (GIEC) et d’autres équipes diffusent périodiquement des analyses concordantes sur la dégradation de la situation. L’augmentation moyenne de la température serait déjà de 1,17 degré depuis 1750, proche du plafond de 1,5 degré retenu en 2015, Des travaux sectoriels soulignent que la biodiversité animale aurait déjà diminué de 50% et continue de décroître, tandis que la fonte des glaces de l’Arctique risque fort d’être beaucoup plus rapide que prévu en produisant des effets dramatiques. La multiplication des évènements extrêmes corrobore ces projections. Les périodes alternées de sécheresse et d’inondations se multiplient dans un nombre croissant de régions du monde avec les drames humains qui y sont liés : de la Chine à l’Espagne, du Canada à l’Europe, de l’Afrique de l’Est à l’Amérique du Sud. En France, le paisible Pas-de-Calais a essuyé en 10 jours 4 tempêtes d’intensité historique. A fin septembre, 2023 était l’année la plus chaude jamais mesurée

Enfin, la COP-27 a aussi révélé le non-respect par les Etats du Nord de certains engagements, tel celui de financer pour 100 milliards de USD/an les coûts à supporter par les pays en développement dans la lutte contre le dérèglement climatique. Elle a en même temps illustré les difficultés de concrétiser d’autres appuis tel le Fonds « Pertes et dommages » qui, un an plus tard, n’est pas encore mis au point. La solidarité mondiale souvent affichée par les pays riches a ainsi été prise en défaut, et une méfiance clairement exprimée s’est installée chez leurs interlocuteurs des pays en développement. Lors de plusieurs sommets – Paris en juin 2023 et en octobre 2023 par exemple-, des chefs d’Etat, d’Afrique et d’ailleurs, ont rappelé ces attentes déçues et les responsabilités de chacun dans l’origine des dangers climatiques actuels. Ils ont demandé avec fermeté que les stratégies de lutte tiennent compte de leurs besoins et que des réalisations aux impacts visibles s’accélèrent. C’est justement cette volonté de faire et non de dire que revendiquent les leaders d’un Sud Global, dont le poids économique mondial a beaucoup grandi. Cette nouvelle donne offrirait une alternative crédible aux stratégies proposées par les puissances du Nord, mais ses effets sont à démontrer.

Ces difficultés expliquent le peu d’enthousiasme avec lequel beaucoup abordent la COP-28 et leurs craintes quant aux résultats attendus. Ce combat inédit pour la sauvegarde de la planète serait-il déjà perdu ? Deux indicateurs encourageants pourraient nous redonner espoir.

D’abord, la prise de conscience de la réalité du dérèglement climatique et de la dégradation de notre environnement, et des périls qu’ils engendrent, a beaucoup grandi dans l’esprit de toutes les générations. L’utilisation accrue de produits recyclés, la lutte anti-gaspi, une moindre consommation d’énergie témoignent de ces changements d’habitude, même s’ils sont encore loin des normes souhaitées. Les impacts des crises économiques et de l’inflation récente ont ajouté des motifs financiers aux arguments écologiques et renforcé au moins provisoirement ces nouveaux comportements. Cette bascule des opinions publiques exerce aussi sur les Etats une pression à agir plus fort et plus vite.

C’est sans doute du côté des acteurs économiques que les changements sont les plus positifs Pour les grandes entreprises en particulier, les bons résultats dégagés ces dernières années, la disponibilité de financements peu onéreux jusqu’en 2022, le coup de semonce donné par le Covid-19, les multiples progrès technologiques, et la pression de la compétition ont ensemble conduit à des investissements d’envergure, générateurs d’améliorations notables. Au moins dans les pays les plus développés, de nouvelles technologies aux prix plus abordables créent des produits mieux adaptés, les énergies renouvelables gagnent rapidement du terrain-plus de 20% du total en 2023 en Europe et bien plus dans quelques pays-, les processus de production industrielle sont moins énergivores. Des hypothèses futuristes deviennent plausibles comme l’utilisation de l’hydrogène pour la production d’électricité, qui éviterait toute émission de CO2. Tous les secteurs participent à cette ébullition d’améliorations, de l’industrie pour réduire son empreinte carbone, à l’agriculture pour s’ajuster aux changements climatiques, en passant par le bâtiment grâce à de nouveaux matériaux. Sous l’effet des mêmes contraintes, un nombre croissant de petites entreprises, indépendantes ou sous-traitantes, sont engagées dans ces mêmes transformations. Pour toutes, cette course est une condition de survie.

Fortes de cette meilleure adhésion des opinions publiques et des mutations opérées au sein des entreprises, les Autorités étatiques et internationales, qui tiendront le devant de la scène à Dubai, pourraient-elles obtenir des résultats plus probants à cette Conférence ? Il faudrait pour cela que trois sentiments animent profondément tous les participants. Le premier, imposé par les faits, est celui de l’urgence. Celui-ci amènerait d’abord à accepter d’adopter des engagements contraignants et non indicatifs. Il suppose aussi que les efforts annoncés soient plus conséquents, afin de rejoindre dans les délais initiaux des résultats promis de longue date et non respectés jusqu’ici, comme pour les émissions de gaz à effet de serre. Enfin, ces deux exigences ne devront pas conduire à des « effets d’annonce » mais se refléter durablement et au quotidien dans les priorités des politiques globales, en particulier pour les nations les plus développées.

Le second est celui de la nécessaire mise en cohérence de ces stratégiesanti-dérèglement climatique avec d’autres aspects des politiques économiques et sociales, notamment dans les paysavancés. Partout, une plus grande mobilisation doit être obtenue pour que les intérêts particuliers, qu’ils soient personnels, sectoriels, communautaires ou autres, laissent la priorité à l’intérêt général. La récente crise du Covid-19 a montré que ce sursaut était possible, malgré la montée de l’individualisme, lorsque le péril l’exigeait, et que ce choix était le meilleur atout pour emporter la victoire. Cette restructuration comportementale est encore plus indispensable aujourd’hui. La stimuler est une responsabilité politique et s’appliquer par des canaux imbriqués : l’exemplarité de l’action des administrations et des dirigeants eux-mêmes, l’encouragement mais surtout le contrôle des contributions des entreprises aux objectifs fixés, pour une répartition équitable entre tous les acteurs du coût final des transformations opérées.

Le dernier est celui du rôle clé de la coopération et de la solidarité internationales. Face à un danger qui ne peut être fractionné ou localisé, la réponse doit être globale. L’initiative des COP adhérait à cette conception, qui doit se réimposer au moins à trois niveaux. Les pays les plus riches auront beaucoup à gagner sur leurs propres territoires s’ils raisonnent d’abord en synergie plutôt qu’en compétition, surtout lorsqu’ils sont regroupés dans des ensembles plus vastes : l’Union Européenne pourrait à cet égard avancer beaucoup plus vite qu’elle ne l’a fait jusqu’ici. Ces mêmes pays ont le devoir de mieux respecter à l’avenir les promesses de soutien financier et technique aux pays économiquement en retard : il y va de leur crédibilité en tous autres domaines. L’imagination de tous peut être suffisamment fertile pour mettre en place sans tarder les moyens, existants ou à créer, d’un contrôle collectif de l’usage de ces appuis consentis. Enfin, les pays en développement eux-mêmes ont à participer à ces efforts. Ainsi, en Afrique, la récente déclaration de Nairobi appelle des actions concrètes : les secteurs névralgiques de l’essor des énergies renouvelables et d’une amélioration multiforme de l’agriculture de subsistance fournissent un terrain propice pour cette démarche.

Les dirigeants réunis à Dubaï sauront-ils montrer aux yeux du monde qu’ils ont enfin bien apprécié les enjeux et ce qu’ils impliquent. Il leur faudra pour cela faire preuve simultanément d’intelligence et d’audace, mais aussi d’humilité, de sincérité, et de compréhension des autres plus que d’égoïsme. Les crises actuelles de l’Ukraine et de Gaza tendent à montrer que le cumul de ces qualités se fait rare. L’intelligence humaine a prouvé qu’elle était capable du meilleur comme du pire. Face à la toute-puissance de la nature, souhaitons qu’elle réussisse le meilleur.

Paul Derreumaux

Article publié le 30/11/2023