CARNET DE VOYAGE A NEW YORK : Politique (d’abord), business et légendes

La politique a une nouvelle fois animé les médias la semaine dernière à New-York, comme dans le reste des Etats-Unis, après avoir été partiellement éclipsée quelques jours par deux faits divers : une loterie dont l’heureux vainqueur allait recevoir 1,7 milliard de USD ; les préparatifs du mariage de la chanteuse Taylor Swift avec une star du football américain.

Une fois n’est pas coutume, la France a occupé le devant de la scène le lundi 8. « Beyrou ousted », « la France, homme malade de l’Europe » : la BBC, qui a le plus traité le sujet – les chaines tricolores comme la langue française sont désormais rarement présentes dans le pays- n’a pas été tendre avec les politiques parisiens et leur inconséquence budgétaire et financière. Les télévisions américaines et leurs multiples commentateurs lui ont emboité le pas, sans doute pas fâchés pour la plupart de voir la France, si souvent donneuse de leçons, être frappée par cette démission forcée.

A peine le nouveau Premier Ministre français installé mardi dernier, les débats revenaient   surtout sur les décisions du Président Trump ou sa situation personnelle : déploiement de la garde nationale à Chicago, dossier Epstein, lutte contre les immigrants,..

Mais tout a basculé le 10 septembre avec l’assassinat en direct à la télévision de Charlie Kirk, 32 ans, « influenceur » vedette du camp républicain, proche de Trump et de Vance. M. Kirk, par ses discours tranchants, incarnait parfaitement les idées et les combats de la stratégie MAGA. Abattu en plein meeting, sa mort et la chasse à son assassin, dont l’arrestation a été annoncée le 12, ont été à la une depuis lors. Ce drame a eu lieu à la veille de la commémoration de la catastrophe du 11 septembre 200I. Il rappelle aussi d’autres heures tragiques de la vie politique américaine et, dans le climat déjà tendu qui prévaut, fait craindre par les analystes nationaux une confrontation de plus en plus rugueuse entre le Président et ses opposants.

Derrière cette prééminence politique, le débat économique s’anime. L’équation à résoudre par la Federale Reserve (FED) se complexifie. La lente montée du chômage et le repli engagé de l’activité de certains secteurs -construction par exemple- plaident pout la baisse des taux tant espérée, mais la poussée des prix liée aux taxes à l’import, qui avait été contenue pendant quelques mois, semble se concrétiser et oblige toujours à la prudence. Confiante dans une issue de ce dilemme favorable à ses attentes, la bourse demeure résolument optimiste

Rien ne semble par ailleurs détourner New York de sa façon de vivre. Elle s’observe au quotidien dans l’atmosphère toujours virevoltante de la ville, de ses encombrements, de ses mugissements de sirènes, de ses lumières, de ses spectacles, avec en point d’orgue le rush de la sortie des bureaux qui traduit le mieux cette frénésie.  Elle s’exprime aussi par la solidité de quelques légendes chères au cœur des Newyorkais. Le Waldorf Astoria en est une. Il était depuis 1931 l’un des hôtels préférés des grandes personnalités américaines et internationales. Vendu à un groupe chinois, ce fleuron du groupe Hilton avait été fermé pour travaux en 2017, en vue d’être reconverti en appartements ultra-luxueux. Une partie de l’immense building a finalement été confiée à Hilton pour que renaisse Le Waldorf en juillet dernier. Trois mois plus tard, son hall central, entièrement rénové, est déjà redevenu le soir the place to be, autour de la magnifique horloge dorée qui y trône depuis 1931. Certaines belles histoires, heureusement, ont longue vie…

Paul Derreumaux

Publié le 16/09/2025

CARNET DE VOYAGE A WASHINGTON :UN ÉTÉ INDIEN (PRESQUE) COMME LES AUTRES ?

Les premières impressions à l’arrivée à Washington sont toujours les mêmes : la foule impressionnante de voyageurs alignés avec discipline pour les formalités de police à l’aéroport de Dulles et la rapidité avec laquelle cette étape est franchie. Ce jour n’a pas échappé à la règle. Environ 1000 passagers de toutes couleurs de peau et de toutes origines, serrés dans une file serpentant dans un immense hall, avancent à petits pas, attentifs aux instructions de l’officier d’immigration. En une heure trente, tous seront passés sans encombre. La lourde machine administrative des Etats-Unis est toujours efficace.  

Sur l’autoroute, les attraits naturels de la capitale et de sa région sont bien au rendez-vous : un doux soleil de septembre dans un ciel bleu pâle et le vert foncé, qui s’apprête à virer vers le roux, des grandes forêts enserrant la capitale. Si rien n’a changé de ce côté, dans le flot habituel des voitures, la prédominance massive des véhicules étrangers, Toyota et autres marques asiatiques très largement en tête, illustre pourquoi la maîtrise des importations de biens est devenue ici un enjeu majeur, budgétaire comme économique.

C’est ce que rappellent les actualités télévisées, centrées sur les initiatives et les déclarations du Président, et sur les réactions des opposants à sa politique. Mais les nouveaux sujets ne manquent pas : actions anti-commerce de drogue vis-à-vis du Vénézuela ; interventions de la garde nationale à Chicago après Washington et Los Angeles ; protestations enflammées des populations contre le projet d’arrêt de distribution de vaccins pour les écoliers en Floride ; et bien sûr commentaires sur la démonstration de force de la Chine lors du sommet et du grand défilé militaire qu’elle vient d‘organiser.

 Cette effervescence politique qui inonde les médias ne perturbe guère pour l’instant l’atmosphère feutrée de la ville ni son activité. Au Mayflower et dans les autres grands hôtels, les séminaires s’enchainent as usual ; à la sortie des bureaux, on se presse dans les restaurants courus comme l’historique Old Ebbitt Grill au centre ou l’élégant Fiola Mare à Georgetown ; les musées du Smithsonian déploient toujours leurs trésors de connaissances et d’art ; les prix du quotidien paraissent avoir peu évolué. Seuls quelques indices peuvent être reliés aux changements intervenus depuis janvier dernier. Dans les activités de services, la main d’œuvre étrangère est toujours présente, mais semble moins nombreuse. Près de la Maison Blanche, une des destinations préférées des touristes, la plupart des parcs sont désormais interdits d’accès. Dans le Square Lafayette, la zone ouverte aux visiteurs est restreinte, mais des orateurs, très peu nombreux, continuent à y clamer des appels à Jésus ou des protestations les plus diverses. Tous sont cependant parfois priés, en douceur mais résolument, de quitter les lieux : chacun se replie alors lentement à l’extérieur avec son appareil photo ou sa banderole.  

La sensation dominante est bien ici celle d’une continuité patiente avant de voir si les évolutions négatives que certains annoncent – inflation, panne de la croissance- se concrétiseront. Dans cette grande ville proche des centres de décision, la sérénité semble de mise pour l’instant. Et les esprits sont loin de la France, de son pessimisme et du sort préoccupant de son premier ministre, sujet dont on parlera sans doute ici seulement le lundi 8.  

Paul Derreumaux

Publié le 08/09/2025

CARNET DE VOYAGES : A Bruxelles, comment résister à la morosité…

La capitale belge n’échappe pas, en cet été 2025, aux inquiétudes que l’actualité internationale déverse sur le monde. Les décisions virevoltantes du Président Trump pour les taxes douanières US ou ses initiatives diplomatiques sont détaillées quotidiennement dans tous les médias. Aux urgences de la guerre en Ukraine et de l’horreur à Gaza – datant de 2024 mais toujours actuelles- se sont ajoutées, entre autres, les incertitudes en Iran et en Syrie. Même le climat s’est mis de la partie : l’incendie géant qui ravage en France les forêts de l’Aude est à la une, et on annonce le retour d’une phase de canicule. La Belgique affronte aussi ses propres difficultés : comme ailleurs, le gouvernement cherche ardemment des recettes supplémentaires dans une conjoncture anémiée et les projets d’une taxation des plus-values sur les actifs financiers ou d’un accroissement des impôts communaux animent les débats. Une présence apparemment en repli cet été de la clientèle étrangère dans les hôtels préoccupe également les métiers du tourisme.

Malgré tout, les Bruxellois gardent les qualités qui caractérisent le pays. Leur « coolitude », mélange unique de tempérament facile, de patience, mais aussi de débrouillardise audacieuse comme de capacité de résistance, est bien une de leurs forces. Les contextes difficiles et la météo capricieuse de l’été ne les détournent pas un instant de leurs passions nationales. En sport, des pages entières sont consacrées à des articles partisans sur le mercato des joueurs des grands clubs belges de football. Les nombreux fans d’histoires royales sont ravis : dans le journal Le Soir, la première bande dessinée sur l’histoire des rois belges rappelle ces jours-ci les positions controversées du souverain Léopold III face aux nazis en 1940 et une enquête décrit par le menu les coulisses de la monarchie britannique. La ville s’anime comme chaque année d’un bouillonnement artistique -même un cinéma en plein air est programmé cette année- qui tranche avec le désert culturel qui semble envahir la capitale française à la même saison.

Dans ces détentes estivales, le festival « Bruxellons » a maintenant une place de choix. Il met à l’affiche en 2025 la comédie musicale Rebecca. Celle-ci est tirée du livre célèbre de Daphné du Laurier, transposé en 1940 par Hitchcock dans un film qui sera honoré aux Oscars et lancera la carrière de Joan Fontaine. Servi par une mise en scène millimétrée, appuyé sur une excellente troupe d’acteurs, de chanteurs et de musiciens, le spectacle est à la hauteur des attentes. A son terme, le public ravi quitte le château de Karreveld et se disperse dans une nuit sans étoile -pollution oblige-, mais sous un ciel égayé par la (presque) pleine lune.

Demain, la population cosmopolite de Bruxelles reprendra ses activités avec entrain et une bonne humeur ambiante. A chaque jour suffit sa peine…

Paul Derreumaux

Article publié le 29/08/2025

CARNET DE VOYAGE A LOS CANOS : Quelques visages d’une Espagne multiple

Los Canos (prononcer Canios) de Meca est une petite ville d’Andalousie, située dans la province de Cadix, plantée face à l’Atlantique. Deux heures à peine suffisent pour parcourir les 180 kms qui la séparent de l’aéroport de Séville ; l’autoroute ultramoderne qui relie les deux villes rappelle dès l’abord aux visiteurs que l’Espagne a bien rejoint dans la modernité les autres grands pays de l’Union Européenne.

L’Histoire n’est pourtant jamais loin. La cité tire son nom de sa position sur la route qu’emprunteront les Maures, pendant les quelque cinq siècles où ils occupèrent une bonne partie de l’Espagne, pour accomplir leur pèlerinage à La Mecque. Situé à une quarantaine de kilomètres du Détroit de Gibraltar, qui met l’Afrique et l’Europe si proches, en face l’une de l’autre, elle devait être une étape importante, reposante et rafraichissante au bord de la mer avant le voyage éprouvant qui suivait. Il ne reste guère de traces de ces passages dans la petite ville balnéaire d’aujourd’hui, à l’opposé des trésors d’art et d’architecture que toute l’époque a laissés à Séville. Dans cette capitale régionale, l’extraordinaire Alcazar et les nombreux jardins agrémentés de fontaines exaltent la trace indélébile de la civilisation musulmane, tout en se mêlant harmonieusement aux monuments, comme la Cathédrale Notre Dame du Siège, qu’édifieront le roi Ferdinand III et ses successeurs après le Reconquista. A Los Canos, les amateurs d’Histoire tournent plutôt leurs regards vers l’Océan : sur un petit promontoire en bordure de la ville, on voit en effet distinctement le Cap Trafalgar et son phare. C’est dans ces parages que se déroula en 1805 la célèbre victoire du Vice-Amiral Nelson et de la marine anglaise sur la flotte franco-espagnole. Peu rancuniers, les touristes français, comme les autres, se pressent souvent sur ce point de vue. Mais la proximité de Gibraltar continue aussi à mettre cette région, avec les Iles Canaries, aux avant-postes de l’actualité internationale : elle accueille un nombre croissant de migrants ouest-et nord africains qui « choisissent » l’Espagne pour rejoindre l’Union Européenne, illustrant une politique d’ouverture que la baisse de la natalité, particulièrement marquée dans ce pays, rend économiquement inévitable pour poursuivre le chemin déjà engagé.

Car le bond économique des soixante dernières années est une réalité tangible. Il a transformé les paysages autant que les mentalités, accentué l’exode rural et densifié les villes, mais aussi   rapproché le niveau de vie de celui des nations du Nord de l’Europe. L’agriculture a été et reste un fer de lance de cet essor. Elle couvre de nombreuses régions de toutes les couleurs vives de ses fruits ou de ses légumes, de ses immenses serres ou de ses grands espaces plantés de céréales. Dans ce mois d’avril andalou, le long du ruban de l’autoroute, le soleil fait scintiller de toutes les nuances de vert les diverses cultures qui s’étalent sur les horizons vallonnés et ondulent sous le vent. A côté d’elle, le tourisme est aussi un secteur clé. Source de croissance rapide et large pourvoyeur emplois, il a généré en même temps des comportements erratiques, notamment en matière de construction. Ses effets néfastes ont aussi été amplifiés par la tourmente financière mondiale de 2008, et la longue crise économique et immobilière qui s’en est suivie a laissé de douloureuses traces : accroissement des inégalités, pénuries de logements sociaux face aux cohortes d’appartements restés vides ou en chantier dans les sites les plus visités. Mais le secteur semble avoir bien rebondi, porté par les atouts naturels du pays -mer, soleil, culture, prix modérés- et s’est ancré aussi dans des régions plus méridionales.

C’est le cas de Los Canos. Comme chaque printemps, la ville s’apprête à enfler démesurément pendant quelques mois sous l’afflux des touristes étrangers comme des visiteurs venus de la région ou d’autres parties du pays. La Semaine Sainte, très suivie en Espagne, venue tôt en avril cette année, marque le début des arrivées. Les cérémonies catholiques sont ici peu apparentes, comparées à celles de Séville qui sont grandioses, mais elles sont une occasion immanquable pour se retrouver en famille, comme aiment le faire les Espagnols Le temps est cette année encore frais et maussade, contrairement à l’habitude. Les résidents ne détestent pas cette douceur, qui tranche avec la chaleur souvent fréquente en cette saison. La situation alimente des conversations animées sur les évolutions climatiques que beaucoup relient au drame qui a frappé Valence fin octobre dernier. Celui-ci a traumatisé la nation et a mis en valeur des fragilités de gouvernance qui préoccupent. Malgré tout, l’heure est plutôt aux pensées plus joyeuses. Les familles emplissent bruyamment les restaurants, nombreux et ouverts parfois à toute heure. Les connaisseurs sont venus se régaler dans le populaire Los très Carioles ou le plus chic La Traïna (prononcer Trainia) : on y trouve à chaque fois excellente chère, gentillesse et simplicité. Le soir, ceux qui ont de la chance peuvent trouver un coin de plage encore tranquille, où la vue porte jusqu’aux côtes africaines nappées de brume.    Ils pourront y rêvasser ou, s’ils sont ambitieux, réfléchir à un avenir qui leur conviendrait mieux.

Paul Derreumaux

BANK OF AFRICA IN THE DEMOCRATIC REPUBLIC OF CONGO: ALREADY 15 YEARS OF PRESENCE !

After the successful saga in Madagascar in 1999, then in the three countries of the East African Community (EAC) between 2004 and 2007, many challenges appear affordable for the managers of the BANK OF AFRICA (BOA) Group. It is therefore as a new challenge that the Board of Directors of the Group’s holding company took over the study of the project to set up a bank in the Democratic Republic of Congo (DRC) at the end of 2007. The country is attractive for several reasons: it is gigantic both in terms of its demography and its natural wealth, and therefore offers a variety of opportunities for financial activities; its banking sector is not overcrowded, especially by international companies; its economic development has been penalized for many years by multiple political crises, but the prospect of stabilising this context has improved; finally, with a presence in the DRC, the Group would bring its two areas of establishment closer together and contribute to its ambition to bring them together one day. These assets more than compensate for the complexities of the local environment that persist and the known volatility of the local currency.

A first attempt was made in 2003 during negotiations with the Belgolaise group for the partial purchase of its African network. But its subsidiary in Kinshasa, the BCDC bank, appeared too large in relation to the resources of the BOA network at the time. The approach adopted for this second trial is the creation of a new institution and its gradual development. A team of two people flew from Nairobi in January 2008 to assess the feasibility of such an operation. One knows the country very well, which makes it easier to gather information and make contacts with the authorities and many potential partners and customers. Everywhere the welcome is favourable: the economy has progressed since our previous stays; opening to foreign investments has increased; BOA is now better known in the region and has institutional investors who may be interested in the project. A second exploratory mission mainly takes a precise look at the difficulties that would have to be managed: scarcity and high cost of the human resources required; very expensive prices of products and services essential for a bank; strong dollarization of the economy, which imposes a specific organization for the activities of financial institutions and their relations with customers; difficult choice of the location of the headquarters because of the few suitable buildings.

After these various observations, the conclusions are positive. The proposed application is unanimously approved by the BOA Group Board of Directors in April 2008. It provides for the creation of a new institution with a capital of 10 million USD, the minimum required by the Central Bank. The distribution of the capital of the future BANK OF AFRICA-DRC (BOA-DRC) is easily decided: the Group will hold 60% of it and two bilateral institutions already allied with BOA – the French Proparco and the Belgian BIO – will subscribe the rest. Built on this tough shareholding, the application for approval is submitted in May 2008. However, the usual administrative back-and-forth took nearly a year before being completed in April 2009

During this long wait, the teams hurried to the major projects. A beautiful site was first reserved in the city centre, in the La Gombé district: it will be purchased at the beginning of 2009, when our application for approval has progressed well, and the construction of the headquarters and the main branch will immediately be carried out at a forced march. Around mid-2009 the future bank recruited its staff, according to its highly selective formal procedures that had been tested for a long time: it’ll be not easy to identify the around 25 people who would make up the initial team. However, the method will be effective as always and the quality of the recruits, most of whom are young, will appear both in the success of their training and in the results that will then be obtained by the bank. For the rest, during the second half of 2009, all other preparations will be completed, despite a constrained environment, thanks to the practice acquired in the first 11 entities of the BOA network and the commitment of the technical assistance teams. As soon as the work on the headquarters was completed, the 12th BOA subsidiary opened its doors to the public in December, succeeding in its challenge of being operational by the end of 2009.

BOA-DRC is primarily turning to corporate customers, both national and foreign, as a result of the still very low level of banking penetration of non-civil servants. But this policy slows down the necessary growth of deposits that is essential to give the young entity a solid balance sheet structure. The Board of Directors and the bank’s management are therefore closely monitoring all the indicators and are gradually applying the appropriate corrective strategies. The bank was also immediately facing the constraints of an economy where more than 80% of transactions were carried out in dollars and where the value of the Congolese Franc was subject to many powerful variations: the learning curve was nevertheless fast and without any unpleasant surprises thanks to the now diversified experience of the BOA network and the ambition to meet the expectations of a growing customer base. Despite the determination of the managers and staff in Kinshasa and the permanent support of the whole Group, the rise of BOA-DRC is coming up against external factors. Thus, the banking environment has undergone an impressive widening in a few years due to the marked interest of the major African banks: some of the main institutions in French-speaking Central Africa, Kenya, Nigeria and Tanzania, for example, have joined the Kinshasa market where about fifteen players are now licensed. In addition, to take into account the high inflation rates, the Central Bank enforced in 2016 a tripling of the paid-up share capital, still fixed in USD, to USD 30 million.

This tremendous competition and these financial requests will be, above all, for BOA-RDC and its teams, incentives for their fighting spirit, the continuous strengthening of the organization and the quality of the service offered, and the broadening of the range of products and innovations. The strategies carried out to conquer various audiences are attracting an ever wider and more multifaceted clientele, and are bringing the deposits expected for the increase in loans to companies and households. The Bank gradually set up its branches in Goma, in the East, then in Lumumbashi, a major economic centre, and extended its network to 7 branches in Kinshasa. The Group is responding to the authorities’ efforts to increase equity by subscribing to medium-term bonds to prepare for future capital increases. These development efforts are bearing fruit. BOA-DRC regularly improves its balance sheet and activity indicators to bring them up to the level of the wished standards.  The acceleration in the growth of deposits and loans regularly strengthens the Bank’s weight and role in the country. At the end of 2023, the profits of the last few years confirmed its profitability and consolidated its equity. The recent entry of the DRC into the integrated economic space of the EAC, the opportunities offered by a population of more than 100 million inhabitants and a better organized exploitation of multiple natural resources, the actions of the authorities to create a more favorable environment for economic development, and the growing support of international institutions are concrete supports for a promising future of the national banking system at the service of the country. The achievement by BOA-RDC in 2025 of the new minimum capital of USD 50 million imposed by the Central Bank will allow it to participate fully and continue its path in a healthy way.

Happy birthday and happy new year 2025 to BOA-DRC and its teams! May the future be bright for them.

Paul Derreumaux

Article publié le 30/12/2024

BANK OF AFRICA EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO : DEJA 15 ANS DE PRESENCE !

Après l’épopée réussie à Madagascar en 1999, puis dans les trois pays de l’East African Community (EAC) entre 2004 et 2007, beaucoup de défis apparaissent abordables pour les dirigeants du Groupe BANK OF AFRICA (BOA). C’est donc bien comme un nouveau challenge que le Conseil d’Administration de la holding du Groupe reprend fin 2007 l’étude du projet d’installation d’une banque en République Démocratique du Congo (RDC). Le pays est attractif pour plusieurs raisons : il est gigantesque autant par sa démographie que par ses richesses naturelles, et offre donc des possibilités variées pour les activités financières ; son système bancaire est encore peu encombré, spécialement en entités internationales ; son évolution économique a été handicapée depuis de longues années par des crises politiques multiples, mais la perspective d’une stabilisation de ce contexte s’est améliorée ; enfin, avec une présence en RDC, le Groupe rapprocherait fortement ses deux zones d’implantation et concourrait à son ambition de les réunir un jour. Ces atouts compensent largement les complexités de l’environnement local qui persistent et la volatilité connue du Franc Congolais.

Une première tentative avait été esquissée dès 2003 à l’occasion des négociations avec le groupe Belgolaise pour le rachat partiel de son réseau africain. Mais sa filiale à Kinshasa, la banque BCDC, était apparue trop importante au regard des moyens du réseau BOA de l’époque. L’approche adoptée pour ce second essai est celle de la création d’un nouvel établissement et de son développement progressif. Une équipe de deux personnes s’envole donc de Nairobi en janvier 2008 pour apprécier la faisabilité d’une telle opération. L’un des missionnaires connait très bien le pays, ce qui facilite la collecte d’informations et les prises de contact avec les Autorités et beaucoup de partenaires et clients potentiels. Partout l’accueil est favorable : l’économie a progressé depuis nos séjours précédents ; l’ouverture aux investissements étrangers s’est accentuée ; la BOA est désormais mieux connue dans la région et elle compte des investisseurs institutionnels présents en RDC qui pourraient être intéressés par ce projet. Une seconde mission exploratoire fait surtout un point précis des difficultés qui seraient à gérer : rareté et cherté des ressources humaines requises ; prix très élevés des produits et services indispensables pour une banque ; forte dollarisation de l’économie qui impose une organisation spécifique des activités des établissements financiers et de leurs relations avec la clientèle ; choix délicat de l’implantation du siège en raison du peu d’immeubles adéquats.

Après ces divers constats, les conclusions sont positives. Le dossier proposé est agréé à l’unanimité par le Conseil d’Administration de BOA Group en avril 2008. Il prévoit la création d’un nouvel établissement au capital de 10 millions de USD, minimum requis par la Banque Centrale. La répartition du capital de la future BANK OF AFRICA-RDC (BOA-RDC) est aisément arrêtée : le Groupe en détiendra 60% et deux institutions bilatérales déjà alliées de BOA -la française Proparco et la belge BIO- souscriront le reste. Bati sur ce solide actionnariat, le dossier de demande d’agrément est déposé en mai 2008 Les inévitables allers et retours administratifs prendront cependant près d’un an avant d’aboutir en avril 2009

Pendant cette longue attente, les équipes se hâtent sur les chantiers majeurs. Un beau site a d’abord été réservé en centre-ville, dans le quartier de La Gombé : il sera acheté début 2009, quand notre demande d’agrément a bien progressé, et les travaux de construction du siège et de l’agence principale y seront tout de suite menés à marche forcée. C’est vers mi-2009 que la future banque recrute son personnel, selon ses procédures formelles très sélectives testées de longue date : l’identification des quelque 25 personnes qui constitueront l’équipe initiale sera difficile. La méthode sera cependant comme toujours efficace et la qualité des recrues, jeunes pour la plupart, apparaitra aussi bien dans la réussite de leur formation que dans les résultats qui seront ensuite engrangés par la banque. Pour le reste, pendant le second semestre 2009, tous les autres préparatifs seront menés à terme, malgré un environnement lourd de contraintes, grâce à la pratique acquise dans les 11 premières entités du réseau BOA et l’engagement des équipes d’assistance technique. Dès l’achèvement des travaux du siège, la 12ème filiale BOA ouvre ses portes au public en décembre, réussissant son pari d’être opérationnelle pour fin 2009.

La BOA-RDC se tourne d’abord vers la clientèle des entreprises, nationales et étrangères, par suite d’une bancarisation encore très faible des particuliers non-fonctionnaires. Mais cette politique ralentit la croissance nécessaire des dépôts indispensable pour donner à la jeune entité une structure bilantielle solide. Le Conseil d’Administration et la Direction Générale suivent donc attentivement tous les indicateurs et appliquent au fur et à mesure les stratégies correctrices adéquates. La banque est aussi plongée immédiatement dans les contraintes d’une économie où plus de 80% des transactions s’effectuent en dollars et où la valeur du Franc congolais connait de nombreuses et puissantes variations : l’apprentissage est pourtant rapide et sans mauvaise surprise grâce à l’expérience maintenant diversifiée du réseau BOA et l’ambition de satisfaire les attentes d’une clientèle qui croît. Malgré la détermination des cadres et du personnel à Kinshasa et l’appui habituel de l’ensemble du Groupe, la montée en puissance de la BOA-RDC se heurte cependant à des facteurs extérieurs. Ainsi, l’environnement bancaire a connu en quelques années une densification spectaculaire en raison de l’intérêt marqué des grandes banques africaines : quelques-uns des principaux établissements d’Afrique centrale francophone, du Kenya, du Nigeria et de Tanzanie par exemple rejoignent en effet la place de Kinshasa où une quinzaine d’acteurs sont maintenant agréés. De plus, pour tenir compte des taux élevés d’inflation, la Banque Centrale a imposé en 2016 un triplement du capital social libéré, toujours fixé en USD, à 30 millions de USD.

Cette compétition redoutable et ces exigences financières vont être avant tout, pour BOA-RDC et ses équipes, des stimulants pour leur combativité, le renforcement continu de l’organisation et de la qualité du service offert, et l’élargissement de la palette des produits et des innovations. Les stratégies menées pour la conquête de publics variés attirent une clientèle toujours plus large et multiforme, et drainent les dépôts attendus pour la hausse des concours aux entreprises et aux particuliers. La Banque installe peu à peu ses agences à Goma, dans l’Est, puis à Lumumbashi, centre économique majeur, et étend à 7 agences son réseau à Kinshasa. Le Groupe répond aux efforts d’augmentation des fonds propres poursuivis par les Autorités en souscrivant des obligations à moyen terme pour préparer de futures augmentations du capital. Ces efforts de développement portent leurs fruits. BOA-RDC améliore régulièrement ses indicateurs de bilan et de résultats pour les porter au niveau des standards recherchés.  L’accélération de la croissance des dépôts et des crédits renforce régulièrement le poids et l’audience de la Banque dans le pays. A fin 2023, les profits des dernières années ont confirmé sa profitabilité et consolidé ses fonds propres. L’entrée récente de la RDC dans l’espace économique intégré de l’EAC, les opportunités offertes par une population de plus de 100 millions d’habitants et une exploitation mieux organisée de multiples ressources naturelles, les actions des Autorités pour la création d’un environnement plus favorable au développement économique, l’appui croissant des institutions internationales constituent des appui réalistes pour un avenir prometteur du système bancaire national au service du pays. L’atteinte par BOA-RDC en 2025 du nouveau capital minimum de 50 millions de USD édicté par la Banque Centrale lui permettra d’y participer pleinement et de poursuivre sainement son chemin.

Joyeux anniversaire et excellente année 2025 à la BOA-RDC et à ses équipes ! Que l’avenir leur soit radieux.

Paul Derreumaux

Article publié le 30/12/2024

BANK OF AFRICA-MADAGASCAR : The most amazing adventure

Even if all the BANK OF AFRICA are unforgettable for those who knew their birth, BANK OF AFRICA-MADAGASCAR (BOA-MADAGASCAR) holds a special place for the fears and enthusiasms, the sorrows and the happiness that it has inspired.

It was by accident, in 1997, that a trip to Antananarivo took place for a leasing company project.  The discovery of the « Big Island » is disconcerting by its populations, its civilization, its landscapes, so far from West Africa, the initial framework of the young Group under construction and its teams.  But we see it as a great opportunity to learn more about this African diversity and to be accepted by it.

The leasing project is carried out but will never be a great success. On the other hand, the stays it imposes allow us to better understand the national banking system. It is not very dense, and has several banks in the process of being privatized. The call for tenders is being launched for the largest, the National Bank for Rural Development (BTM). It is a behemoth compared to the five existing BOAs, with its 1600 employees and 70 agencies, and reviving it would be a gigantic task to conduct in an unknown world.  But how can we resist this new challenge? The Group then sends four employees to the site at the end of 1998 for detailed analyses, then submitted an offer. In the absence of major European or South African competitors, and to our happy surprise, BOA is selected in February. The adventure can begin…

Three difficult battles will be fought in the next 8 months. One, internal, will take place within the board of the holding company. Three camps stand out as soon as the « deal » is presented: the private directors, who are quickly won over by the prospects of the project; institutional investors, always cautious in the face of the unknown, and the european  bank shareholder, frankly hostile. For the latter, the dangers exceed BOA’s ability to succeed in this challenge: distance from other BOAs, excessive size of the target, difficulty in managing an entity outside the franc zone, too high cost. The file was reviewed by patiently responding to all the objections, which satisfied Proparco and the FMO, but the allied banker was inflexible. On the third attempt, the Board broke the taboo of the unanimity rule and validated the proposal: no one would ever have to regret it. Another phase then began in front of the Malagasy negotiators, who were used to such discussions and determined to have the objectives set for them accepted. Each side is firmly defending its positions and progress is slow. Between March and September 1999, it took no less than 5 « rounds » of tense negotiations in Paris, Antananarivo and Washington. Twice, the discussions are about to be broken off as the demands of one seem so far removed from the demands of the other. But the two teams end up to regard with esteem, mutually appreciating each other’s frankness and clarity of positions. The protocol signed in July in Paris has found an acceptable solution to the main issues under discussion: the fate of the BTM staff; procedures for maintaining branches; long-term leases of premises; financing by the State of outstanding debts; shareholding structure. It remains to be seen how the Group will finance the purchase of this major bank. Once again, solidarity, prudence and imagination will bring the right solution.  A sub-holding company of the Group, domiciled in Mauritius, was created in partnership with the BOAs of Benin and Côte d’Ivoire and, together with the holding, obtained approval to set up a banking subsidiary. The latter then buys BTM’s healthy assets at the same time as the final composition of the shareholder’s pool is completed : The State, national private shareholders, FMO and IFC, and later Proparco, were added.  In this set, BOA-MADAGASCAR will have the chance to rely on Malagasy private investors of exemplary quality and loyalty and on the State which will always respect its obligations.  The lucky star continues…

The follow up was easier from September 1999. The Group’s usual « recruiters » carefully and without incident choose the staff who are kept in place definitively and the others are compensated by the State. A team of five managers, including the Group’s two most experienced managers, moved to Antananarivo, and led all the planned structural transformations, with the full support of the retained national executives and agents. Computer scientists even managed to find a simple and economical solution to the « year 2000 bug » that worried us. At the end of November 1999, everything was ready: the legal « closing » was signed while all the BTM agencies switched overnight to the colours of the BOA. Even the mild sunshine of the season and the unique blue of the jacaranda flowers give this moment a festive air.  

From then on, the exciting work of reviving this bank began. The strategy is based on the optimal exploitation of the presence and audience of the former BTM, while giving the new entity the modernity, the diversity of services, the variety of audiences, ranging from households to the largest companies, which the Group knows well. The success of Tahiry accounts, savings accounts previously uncommon in BTM, will be particularly impressive. BOA-MADAGASCAR is also boldly and efficiently launching the subscription of Treasury bills. The shareholders themselves actively support these efforts: the share capital has thus increased sixfold in 25 years, with broad support for the requests. The years that have passed, however, have brought their share of unfortunate events: a serious political crisis in 2002, paralysing the activity of a country divided in two; heavy currency devaluation in its wake, reducing the value of the investment in Euros by 50%; above all, the distressing death of two of the Group’s best executives, posted in Antananarivo. Despite these setbacks, the teams continue to fight, confident that the strategy followed is the right one and that the results will be there. This is what is confirmed. BOA-MAGASACAR has established itself at the forefront of the banking market; its footprint of agencies, already gigantic, is still expanding; all types of customers, large or small, private and public, are loyal to him; still profitable, it pays generous dividends that strengthen shareholder confidence; its social actions have multiplied over time, anchoring the BOA in the national landscape.

The Bank has now built a beautiful headoffice, better suited to its size and ambitions. But its former headquarters, part of which has become a Cultural Centre, still sits majestic and peaceful at the top of Independence Square, as if it took great delight in the sounds of the capital. No doubt so that the elders remember with pride that the adventure began here, and to confirm that the founders, while nurturing hope and enthusiasm for a dazzling future, did not deny anything of a glorious past.

Happy birthday of 25 years of work and great achievements.

Paul Derreumaux

BANK OF AFRICA-MADAGASCAR : La plus étonnante des aventures

Même si toutes les BANK OF AFRICA sont inoubliables pour ceux qui ont connu leur naissance, la BANK OF AFRICA-MADAGASCAR (BOA-MADAGASCAR) tient une place spéciale par les peurs et les enthousiasmes, les peines et les bonheurs qu’elle a inspirés.

C’est par hasard, en 1997, qu’a lieu un voyage à Antananarivo pour un projet de société de crédit-bail.  La découverte de la Grande Ile déconcerte par ses populations, sa civilisation, ses paysages, si éloignés de l’Afrique de l’Ouest, cadre initial du jeune Groupe en construction et de ses équipes.  Mais nous y voyons une grande chance de mieux connaitre cette diversité africaine et de nous y faire accepter.

Le projet de leasing va aboutir mais ne sera jamais un grand succès. En revanche, les séjours qu’il impose permettent de connaitre le système bancaire national. Peu dense, il compte plusieurs banques en cours de privatisation. L’appel d’offres va être lancé pour la plus grande, la banque nationale pour le développement rural (BTM). C’est un mastodonte par rapport aux cinq BOA existantes, avec ses 1600 salariés et ses 70 agences, et le faire revivre serait une tâche gigantesque à conduire dans un monde inconnu.  Mais comment résister à ce nouveau défi ? Le Groupe dépêche donc sur place fin 1998 quatre collaborateurs pour des analyses détaillées, puis dépose une offre. Faute de grands concurrents européens ou sud-africains, et à notre heureuse surprise, BOA est retenue en février. L’aventure peut commencer…

Trois batailles difficiles seront menées dans les 8 mois qui vont suivre. L’une, interne, va se dérouler au sein du Conseil de la holding. Trois camps se distinguent dès que le « deal » est présenté : les administrateurs privés, vite conquis par les perspectives du projet ; les institutionnels, toujours prudents devant l’inconnu, et la banque européenne actionnaire, franchement hostile. Pour celle-ci, les dangers dépassent les capacités de BOA à réussir ce pari : éloignement des autres BOA, taille excessive de la cible, difficulté de gérer une entité hors zone franc, coût trop élevé. Le dossier est revu en répondant patiemment à toutes les objections, ce qui satisfait Proparco et le FMO, mais le banquier allié est inflexible. A la troisième tentative, le Conseil brise le tabou de la règle d’unanimité et valide la proposition : personne n’aura jamais à le regretter. Une autre phase démarre alors face aux négociateurs malgaches, rompus à de telles discussions et bien décidés à faire admettre les objectifs qui leur ont été fixés. Chaque partie défend fermement ses positions et les progrès sont lents. Entre mars et septembre 1999, il ne faudra pas moins de 5 « rounds » de négociations tendues à Paris, Antananarivo et Washington. Par deux fois, les discussions sont à un fil d’être rompues tant les demandes de l’un paraissent éloignées des exigences de l’autre. Mais les deux équipes finissent par s’estimer, appréciant mutuellement la franchise et la clarté des positions de chacune. Le protocole signé en juillet à Paris a trouvé une solution acceptable pour les principales questions en débat : sort du personnel de la BTM ; modalités de maintien des agences ; baux emphytéotiques des locaux ; financement par l’Etat des créances en souffrance ; structure de l’actionnariat. Il reste à trouver comment le Groupe va financer l’achat de cette grande banque. Une fois de plus, la solidarité, la prudence et l’imagination vont apporter la bonne solution.  Une sous-holding du Groupe, domiciliée à l’île Maurice, est créée en partenariat avec les BOA du Bénin et de Côte d’Ivoire et, jointe à la holding, obtient l’agrément d’implantation d’une filiale bancaire. Celle-ci achète ensuite les actifs sains de la BTM en même temps que se complète la composition définitive du « tour de table ». Vont en effet s’ajouter l’Etat, des actionnaire privés nationaux, le FMO et la SFI, et plus tard Proparco .  Dans cet ensemble, BOA-MADAGASCAR aura la chance de s’appuyer sur des investisseurs privés malgaches d’une qualité et d’une fidélité exemplaires et sur l’Etat qui respectera toujours ses obligations.  La bonne étoile continue.

La suite est plus facile à compter de septembre 1999. Les « recruteurs » habituels du Groupe choisissent avec soin et sans incident le personnel maintenu définitivement en place et les autres sont indemnisés par l’Etat. Une équipe de cinq responsables, dont les deux dirigeants les plus chevronnés du Groupe, s’installe à Antananarivo, et pilote toutes les transformations structurelles programmées, avec le plein soutien des cadres et agents nationaux conservés. Les informaticiens réussissent même l’exploit de trouver une solution simple et économe face au « bug de l’an 2000 » qui nous inquiétait. Fin novembre 1999, tout est prêt : le « closing » juridique est signé tandis que toutes les agences de la BTM basculent en une nuit aux couleurs de la BOA. Même le doux soleil de la saison et le bleu unique des fleurs de jacarandas donnent un air de fête à cet instant.   

Dès lors démarre le travail passionnant de la renaissance de cette banque. La stratégie se fonde sur l’exploitation optimale de l’implantation et de l’audience de l’ex-BTM, tout en donnant à la nouvelle entité la modernité, la diversité de services, la variété de publics, allant des ménages aux plus grandes entreprises, que le Groupe connait bien. Le succès des comptes Tahiry, comptes d’épargne, inusités auparavant dans la banque, sera notamment impressionnant. BOA-MADAGASCAR se lance aussi avec audace et efficacité dans la souscription des bons du Trésor. Les actionnaires soutiennent eux-mêmes activement ces efforts : le capital social est ainsi sextuplé en 25 ans, avec une large adhésion aux sollicitations. Les années qui s’écoulent apportent pourtant leur lot d’évènements malheureux : grave crise politique en 2002, asphyxiant l’activité d’un pays coupé en deux ; lourde dévaluation monétaire à sa suite, réduisant d’un coup de 50% la valeur en Euros de l’investissement ; surtout, disparition éprouvante de deux des meilleurs cadres du Groupe, en poste à Antananarivo. Malgré ces coups durs, les équipes continuent de se battre, confiantes que la stratégie suivie est la bonne et que les résultats seront au rendez-vous. C’est bien ce qui se confirme. BOA-MAGASACAR s’est installée au premier rang de la place bancaire ; son périmètre d’agences, déjà gigantesque, s’agrandit encore ; tous les types de clientèle, grandes ou petites, privées comme publiques, lui sont fidèles ; toujours bénéficiaire, elle sert de généreux dividendes qui renforcent la confiance des actionnaires ; ses actions sociales se sont multipliées au fil du temps, ancrant la BOA dans le paysage national.

La Banque a construit aujourd’hui un beau siège, mieux adapté à sa taille et à des ambitions. Mais son ancien siège, dont une partie est devenue Centre culturel, trône toujours, majestueux et paisible, au sommet de la Place de l’Indépendance, comme s’il se délectait des bruits de la capitale. Sans doute pour que les anciens se souviennent avec fierté que l’aventure a commencé ici, et pour confirmer que les fondateurs, tout en nourrissant l’espoir et l’enthousiasme d’un brillant futur, n’ont rien renié d’un glorieux passé.

Joyeux anniversaire de 25 ans de travail et de belles réalisations.

Paul Derreumaux

Article publié le 26/11/2024

ÉTATS UNIS : où ira-t-on avec Donald Trump ?

Le suspense a pris fin à 10 heures 30 GMT ce 6 novembre. Avec déjà 277 « grands électeurs » favorables, contre 270 requis, Donald Trump emportait l’élection de novembre, devenant le 47ème Président des États-Unis d’Amérique. L’incertitude aura été plus brève que pour Joe Biden en 2020 où il avait fallu attendre plusieurs jours pour connaître le sort des urnes.  Peut-être cette avance confortable explique-t-elle que les félicitations à M. Trump de ses pairs ont afflué avant même que la majorité lui soit acquise. Si cela est compréhensible de la part de certains peu soucieux de formalisme, l’empressement des dirigeants de grands espaces démocratiques -Inde, Union Européenne, Allemagne, France- est plus étonnant. Serait-ce la peur de s’exprimer en dernier vis-à-vis d’une personnalité facilement irascible et revancharde ?

Le débat entre les deux candidats s’est appuyé sur quelques idées-forces. Mme Harris défendait des valeurs sociales progressistes, en particulier au profit des femmes, et a été très vague, voire silencieuse, sur son projet économique. M. Trump a repris des thèmes de 2016 : conservatisme maximal aux plan social et religieux ; défense des intérêts des populations défavorisées et baisses d’impôts pour l’économie. Tous deux étaient protectionnistes, anti-immigration et isolationnistes au plan international, la première avec diplomatie, le second avec brutalité. Après coup, il apparait que les choix suivants l’ont emporté. D’abord, une nette priorité accordée aux questions économiques nationales, à deux niveaux ; lutte contre le déclassement, le chômage, la main d’œuvre étrangère pour les classes populaires ; baisses d’impôts et ultralibéralisme pour les « possédants ». Le bond du Dow Jones et du Nasdaq – respectivement +3,0% et +3,6% dès le 6 novembre- montre combien les bourses apprécient le résultat. Ensuite, une victoire des valeurs traditionnelles – surtout hors des grandes villes mais pas seulement, et y compris chez les immigrés- sur les orientations morales défendues d’abord par les urbains et les jeunes. Enfin, le peu d’importance accordé aux outrances, incohérences et promesses fantaisistes du vainqueur pour la désignation de celui qui incarnerait leur pays pendant 4 ans. Resteront deux questions importantes mais sans réponse : les Démocrates ont-ils bien choisi leur candidat ? Les Etats-Unis étaient-ils prêts à élire une femme ?

Disposant d’une marge de manœuvre plus grande qu’en 2016 – large majorité des voix, victoire au Sénat -, le Président élu s’efforcera d’appliquer au plus vite ses idées, aux États-Unis comme vis-à-vis du monde. Même avec la versatilité du personnage et les obstacles avec lesquels il devra composer, des changements sont à attendre sur au moins trois sujets. A l’intérieur, la concrétisation du slogan « MAGA » (Make America Great Again) est l’objectif central. Trump bénéficie ici d’un «alignement de planètes» : croissance soutenue, inflation maîtrisée, performances excellentes dans l’innovation et la productivité. Il va lui faciliter la mise en œuvre de baisses d’impôts et de taux d’intérêt, de hausse des droits de douane, de réduction des prix de l’énergie. Mais cette politique peut relancer l’inflation, notamment si des mesures drastiques anti-immigratoires augmentent les tensions sur l’emploi ou ralentissent la production, et faire baisser à l’excès le dollar. Ceci exigerait des mesures correctrices très pointillistes pour stopper ces dérapages sans casser la croissance, comme M. Powell a su le faire en 2023, Il n’est pas sûr que M. Trump accepterait facilement cette remise en cause. D’autres incertitudes pourraient apparaitre : l’annulation ou l’amendement de « l’Inflation Reduction Act » provoquerait l’arrêt de programmes créateurs de nombreuses industries dans des secteurs clés pour l’avenir et pénaliserait la croissance et l’emploi ; en matière financière, un ultralibéralisme favorable à l’essor du « shadow banking » ou des cryptomonnaies dans un système déjà peu contrôlable accroitrait les risques de crise financière, que les États-Unis ont déjà connue.

Vis-à-vis des grandes puissances étrangères, les évolutions sont plus incertaines puisqu’elles dépendront aussi des réactions des interlocuteurs.  On peut cependant s’attendre à ce que les positions de Trump soient immédiatement antinomiques à celles de la Chine, qui cherche à la fois à soutenir son économie, et donc ses exportations, et à devenir une seconde superpuissance. Les champs de confrontation seront à la fois économiques – guerre de monnaies et de taxes- et politiques, pour le cas de Taipeh. L’Union Européenne va être aussi dans une situation difficile. Elle est affaiblie économiquement (croissance insignifiante en 2024 et 2025 ; manque structurel de productivité et de compétitivité souligné par le Rapport Draghi) et politiquement (pouvoirs de l’exécutif très restreints en France, coalition gouvernementale défaite ce 6 novembre en Allemagne). Les relations de ses membres envers les États-Unis sont variées, pilotées selon les cas par des facteurs économiques ou politiques. Elle va devoir affronter le Président Trump sur le niveau du soutien apporté à l’Ukraine, voire sur une paix avec la Russie acquise au prix fort, mais aussi sur les règles de compétition économique avec les États-Unis. Ces tensions vraisemblables, attendues par beaucoup, pourraient être bénéfiques pour que la « Vieille Europe » mobilise ses énergies humaines, financières, techniques au service d’un grand dessein politique et économique pour son futur, comme réalisé en d’autres occasions. Mais il lui faudrait une détermination et une solidarité plus fortes que celles qu’elle possède présentement.  

En Afrique, États et populations ont probablement suivi les élections américaines avec plus de détachement qu’ailleurs.  Le continent n’a été la préoccupation des États-Unis, y compris sous la Présidence de Barack Obama, que pour quelques pays et secteurs clés, et non dans son ensemble au vu de ses 1,4 milliards d’habitants et de ses besoins de développement. Donald Trump n’y est jamais venu durant son premier mandat. L’impact des futures orientations américaines sera cependant notable à travers divers canaux : situation de l’Ukraine, relance de la production pétrolière aux États-Unis, exemple donné pour les freins à l’immigration, désintérêt pour la lutte mondiale contre le dérèglement climatique, … Deux évolutions pourraient en résulter pour les pays africains : la tentation de se tourner davantage vers les perspectives offertes par le « Sud Global » ; la prise de conscience que, plus que jamais, la résolution des problèmes existants viendra d’eux-mêmes et de leur capacité à construire un avenir économique cohérent de leurs nations. La première est probable ; la seconde pourra difficilement être suivie par tous.

Comme prévu, l’impact mondial de l’élection américaine est inévitable. A l’intérieur des États-Unis comme à l’étranger, les effets dépendront de la façon dont le nouveau Président cherche à appliquer ses idées en tenant compte ou non de ceux qui ne l’ont pas élu ou qui ne dépendent pas de son autorité. Plus puissant et mieux préparé qu’en 2016, M. Trump saura-t-il inclure une dose de pragmatisme, de diplomatie et de vision à long terme dans ses actions, qui s’impose aux Hommes d’État, et impulser alors des changements profitables. S’il veut au contraire être le « dictateur » qu’il annonce, il ne peut s’attendre à ce que ses opposants acceptent ses diktats sans broncher. La paix, qu’il appelle par ailleurs de ses vœux, risque alors de ne pas être au rendez-vous et la démocratie américaine d’être en sérieuse difficulté.

Paul Derreumaux

Article publié le 08/11/2024

BANK OF AFRICA-UGANDA : A STRENGTHENED EAST AFRICAN PRESENCE OF BOA IN 2006

On this day at the end of 2005, Kenya Airways’ morning Boeing 737 from Nairobi is approaching Entebbe airport. With the bright sky of the dry season, the first image of travelers is the magnificent view of Lake Victoria with its immensity and intense blue. However, the small team of the BANK OF AFRICA (BOA) does not linger. It hurries to join the Financial Manager of the Allied Bank who is waiting for in the parking lot, and they all take the long road that will lead them to Kampala. Thus began the first field mission that would lead a year later to the BANK OF AFRICA-UGANDA.

For a few months now, BOA’s holding company has resumed its negotiations with the Belgolaise bank for the purchase of part of its African network. After more than a year of fruitless discussions, particularly for Ghana’s branch, efforts are focused on the acquisition of the Belgian Group’s majority stake in its subsidiaries in Uganda and Tanzania. Both banks are small, but they are a crucial stake in strengthening a recent entry into the East African Community (EAC). Several favourable factors will play a role in facilitating and accelerating the establishment in Uganda in the first place.

In 2005, Allied Bank ends a difficult period during which it had been well restructured. The Ghanaian Managing Director who was then at the helm of the bank used his experience, his knowledge of the field and his « leadership » talents to mobilize his teams in a heavy work of reorganization, modernization and commercial revival. The managers and staff around him have actively worked on this project, which is now bearing its first fruits.

On BOA’s side, the due diligence goes smoothly and gives a clear idea of the institution’s situation, the likely cost of the purchase, the extent of further investments to be made and the possible strategy. A fraction of the time spent in Kampala is also used to raise awareness of the BOA Group and to convince key local stakeholders of its strengths. This is of course first and foremost the case for the staff, who are concerned about whether this French-speaking bank will be able to impose itself in Uganda, adapt its methods to the local context and instil the dynamism that has been lacking in recent years in the outgoing shareholder. The same presentation is held at the Central Bank that must be listened to in order to understand the rules that will have to be respected to obtain the authorization of this purchase, as well as to then carry out the bank’s activities. On leaving Kampala, the mission’s conviction was fixed: the audit did not reveal any anomalies likely to call into question the preliminary discussions, the growth potential of the bank and its contribution to regional synergy is significant, and the welcome received was positive. So it’s necessary to move quickly to take the steps.

Once this orientation has been validated by the Board, several trips to Uganda at a rapid pace will lead to a quick evolution of the file. From the first return to the site, the Managing Director of Allied, who was absent during the initial stay, will be a valuable support. As comfortable in commercial or administrative contacts as he is attentive in control, with a clear vision of the potential of his bank and the means to achieve them, he is ready to continue his mission, which would extend the work already accomplished. He easily adheres to the orientations set out for the future: preservation of the existing clientele but strong broadening and diversification of the target public; building a network of branches; « all-out » exploitation of synergy’s advantages in the AEC; continuous policy of modernization and integration into the BOA Group, especially for « key accounts ». It was therefore easily decided that he and all the members of staff who wished to do so would be able to remain in place. Their overall acceptance, as well as that of the Chairman of the Board approached for this purpose, make it possible to place the approach adopted under the sign, reassuring for all, of a perfect continuity of the teams at the service of the new expansion policy supported by a Group in broad development.

At the Central Bank, the application for approval is also progressing rapidly. In view of the regulatory requirements, the essential role of BANK OF AFRICA-KENYA is confirmed. The Group therefore immediately achieves a capital increase of the latter, which gives it the financial means to hold a 46% stake in the capital of the subsidiary being created. Kenya’s two partners, FMO and Aureos Investment Fund, each acquire 22% of the capital. Central Holdings Uganda, already a shareholder in Allied Bank, maintains its 10% stake and will remain a loyal partner. On this solid basis, and facilitated by the diligence of the Governor of the Central Bank and his staff, the agreement was obtained in May 2006. The lengthy legal updates efficiently carried out by the Group’s Kenyan lawyer lead to the opening of BOA-UGANDA in October 2006.

From then on, the new entity will be able to seize all opportunities to improve its visibility and growth. Through its emphasis on commercial activities and quality of service, the Bank succeeds in retaining its previous clientele and rapidly developing its audience despite increased competition from the arrival of new institutions. The construction of its new headquarters strengthens its attractiveness, improves the installation of growing teams and facilitates their work. Methodically, BOA-UGANDA builds a dense network of branches in the capital and in the rest of the country and became the « all public » banking institution that was sought. The dynamism of Uganda’s economy and businesses is driving the impact of these various initiatives. Thanks to them, and to the impressive leaps in equity capital – multiplied nearly 20 times in EUR between 2006 and 2023 – BOA-UGANDA is progressing on the banking market and is gradually entering the category of « Tier 2 » banks. Admittedly, it is hit as everywhere by the systemic crisis of Covid 19 and also suffers the disadvantages of frequent currency depreciations. Despite everything, the figures speak for themselves: in 18 years, the balance sheet as well as deposits and loans will have multiplied by 12 to 15 times in Ugandan shillings, while the bank will have remained almost constantly profitable.

The latter is resolutely charting its course in the harmonious balance of a strong local anchoring and an active contribution to a banking network in continuous growth. Regional integration has been strengthened with BOA-KENYA becoming the majority after the departure of FMO and Aureos. The young Financial Manager of 2006 became today the Bank’s Managing Dircector and has lost none of his enthusiasm and commitment. The Bank, its team and its shareholders continue to invest and innovate. BOA-UGANDA has not finished growing and surprising.

Happy birthday and big hits ahead.                   

Paul Derreumaux