La capitale belge n’échappe pas, en cet été 2025, aux inquiétudes que l’actualité internationale déverse sur le monde. Les décisions virevoltantes du Président Trump pour les taxes douanières US ou ses initiatives diplomatiques sont détaillées quotidiennement dans tous les médias. Aux urgences de la guerre en Ukraine et de l’horreur à Gaza – datant de 2024 mais toujours actuelles- se sont ajoutées, entre autres, les incertitudes en Iran et en Syrie. Même le climat s’est mis de la partie : l’incendie géant qui ravage en France les forêts de l’Aude est à la une, et on annonce le retour d’une phase de canicule. La Belgique affronte aussi ses propres difficultés : comme ailleurs, le gouvernement cherche ardemment des recettes supplémentaires dans une conjoncture anémiée et les projets d’une taxation des plus-values sur les actifs financiers ou d’un accroissement des impôts communaux animent les débats. Une présence apparemment en repli cet été de la clientèle étrangère dans les hôtels préoccupe également les métiers du tourisme.
Malgré tout, les Bruxellois gardent les qualités qui caractérisent le pays. Leur « coolitude », mélange unique de tempérament facile, de patience, mais aussi de débrouillardise audacieuse comme de capacité de résistance, est bien une de leurs forces. Les contextes difficiles et la météo capricieuse de l’été ne les détournent pas un instant de leurs passions nationales. En sport, des pages entières sont consacrées à des articles partisans sur le mercato des joueurs des grands clubs belges de football. Les nombreux fans d’histoires royales sont ravis : dans le journal Le Soir, la première bande dessinée sur l’histoire des rois belges rappelle ces jours-ci les positions controversées du souverain Léopold III face aux nazis en 1940 et une enquête décrit par le menu les coulisses de la monarchie britannique. La ville s’anime comme chaque année d’un bouillonnement artistique -même un cinéma en plein air est programmé cette année- qui tranche avec le désert culturel qui semble envahir la capitale française à la même saison.
Dans ces détentes estivales, le festival « Bruxellons » a maintenant une place de choix. Il met à l’affiche en 2025 la comédie musicale Rebecca. Celle-ci est tirée du livre célèbre de Daphné du Laurier, transposé en 1940 par Hitchcock dans un film qui sera honoré aux Oscars et lancera la carrière de Joan Fontaine. Servi par une mise en scène millimétrée, appuyé sur une excellente troupe d’acteurs, de chanteurs et de musiciens, le spectacle est à la hauteur des attentes. A son terme, le public ravi quitte le château de Karreveld et se disperse dans une nuit sans étoile -pollution oblige-, mais sous un ciel égayé par la (presque) pleine lune.
Demain, la population cosmopolite de Bruxelles reprendra ses activités avec entrain et une bonne humeur ambiante. A chaque jour suffit sa peine…
Paul Derreumaux
Article publié le 29/08/2025